Epicentre de la bohême internationale.
Genre:folk US.
FRED NEIL
BLEEKER & MACDOUGAL - 1965
POUR ECOUTER FRED NEIL - BLEEKER & MACDOUGAL - 1965
Lorsqu’en avril dernier, j’arpentais les rues de Greenwich Village, inutile de vous faire un dessin, j’étais salement pris par l’émotion. Fouler une scène investie par les plus grands du folk, c'est fort. Le Wha ?, le Gaslight, le Bitter End, le Village Gate, le Kettle Of Fish, la Bleeker Street, la MacDougal Street, la 41 West Street… l’itinéraire préalablement planifié à travers le village, m’a conduit dans les pas des Dylan, des Neil, des Kerouac, Joplin, Hendrix, Guthrie.
Dans le berceau même de la renaissance du folk, là où se réunissaient écrivains et poètes beatniks, comiques et musicos dans d’inlassables hootnanies. Un truc de ouf ! Mémorable périple, j’en ai pris plein les mirettes, alors vous pensez bien que Bleeker & MacDougal, ces rues qui vivent encore au rythme de cette légende et de ses souvenirs, ça me parle comme vous ne pouvez pas l’imaginer.
Le méconnu et atypique Fred Neil, l’énigmatique troubadour des 60’s, influence majeure pour de multiples artistes, tenait le café Wha ? au 115 de la rue MacDougal. Première scène du Zim et de Tim Rose, il permet au Velvet Underground de débuter dans le métier ; c’est lui qui donne de l’élan à la carrière de Phil Ochs, de Judy Collins. La Bleeker Street, qui croise la rue MacDougal (où Fred prend la pose sur la pochette), est l’autre épicentre important de la bohème américaine d’alors.
De là, à nommer son premier LP solo (Tear Down The Walls de 64 est fait en duo avec Vince Martin), Bleeker & MacDougal (Elektra Records-mai 65), il n’y avait qu’un pas. Fred Neil, aimé de tous, copié par beaucoup et repris par une majorité d’artistes l’a franchi, histoire de rendre hommage à son Greenwich Village, ainsi qu’au folk qu’il y a initié et au blues, ses racines.
Véritable photographie du haut du panier de la scène folk new-yorkaise des sixties, ce disque requalifié en A Little Bit Of Rain en 1970, est une pure beauté, à l’image de ses deux suivants, l’éponyme Fred Neil de 1966, réédité sous Everybody’s Talkin’ en 69 et Sessions (1967 chez Capitol). Cette tierce discographique est incontournable, sachez-le. Elle attise les regrets d’avoir trop rapidement perdu tout contact avec cet incomparable contributeur musical, qui fit trop tôt (en 1975) le choix de tourner le dos à l’industrie du disque, de prendre délibérément et irrémédiablement ses distances avec le milieu de la musique et de la culture populaire, au risque de vivre reclus et de s’auto-effacer de l’histoire du rock.
Mort en juillet 2001 et en Floride, cet artiste folk emblématique aura finalement passé près de trois décennies, éloigné de tout et sans donner le moindre signe de vie. Son choix a relégué aux oubliettes l’un des plus grands noms de cette période. Il est heureux que les initiés, eux, n’aient jamais coupé le cordon ombilical qui les relie à Fred Neil.
L’artiste de Cleveland à la voix de baryton chaleureuse et triste, chargée d’émotion, capable de crooner comme de chanter le blues, ou de s’enflammer sur la country, le songwriter génial aux compositions sobres et posées délicatement, profondément arrangées, le gratteux confirmé et polyvalent qui manie un large éventail de styles avec grande aisance, nous propose ici 13 titres d’une grande beauté.
Il est soutenu par un certain Felix Pappalardi (basse), futur Mountain, Pete Childs (guitare et dobro), Douglas Hatfield, alias Chip Douglas (re-basse) et le Lovin’ Spoonful à venir John Sebastian (harmonica). Point n’est besoin de manier le dithyrambe, ses compositions parlent d’elles-mêmes et s'affirment comme historiquement importantes, de par la brèche que l’album a ouvert auprès de plusieurs générations d’artistes.
Blues On The Ceiling, Little Bit Of Rain, Sweet Mama, Other Side Of This Life, Candy Man, Bleeker & MacDougal, Country Boy, Mississippi Train…il faut avoir entendu ça au moins une fois dans sa vie. Après, on peut mourir apaisé. Ce Fred, c’était vraiment quelqu’un. Son oeuvre est magnifique (RAZOR).
1. Bleecker & MacDougal.
2. Blues on The Ceiling.
3. Sweet Mama.
4. Little Bit Of Rain.
5. Country Boy.
6. Other Side Of This Life.
7. Mississippi Train.
8. Travelin' Shoes.
9. The Water Is Wide.
10. Yonder Comes The Blues.
11. Candy Man.
12. Handful Of Gimme.
13. Gone Again.
Fred Neil:guitare,chant.
Pete Childs:dobro,guitare.
Felix Pappalardi,Douglas Hatfield:basse.
John Sebastian:harmonica.