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country - country-rock - bluegrass us

Fille à papa.

Publié le par RAZOR

Genre:country.

 

ROSANNE CASH

THE RIVER & THE THREAD - 2014 (5/5)

Fille à papa.

Rosanne, j’ai l’honneur de partager avec toi le fait d’être né la même année que toi, qui plus est le même mois. Seul le jour diffère. Si je me réfère à un cycle reproducteur basique, Johnny Cash, ton papa star a eu un rapprochement polisson avec ta mère un peu plus tôt que le mien, Robert avec maman. Cela porte sur un rien, 6 jours, mais ce détail ne m’a pas échappé.

Je connais bien ton père, chanteur, guitariste et songwriter d’american country. Moins ta maman Vivian. Récemment, je parlais encore de ton ex, Rodney Crowell. J’aime bien Rodney et j’aimais beaucoup ton majestueux géniteur dont tu es la fille ainée, il me semble.

Alors comme ça, tu fais aussi dans la zizique. Comme papa, tu as chopé le virus de la country. T’as dû être bercée trop près des murs des studios de Nashville. En tous cas, chapeau Rosanne, tu es bien la digne héritière de ton légendaire père. Je vais être franc avec toi, je n’ai pas beaucoup suivi ta carrière depuis 3 décennies que tu pratiques, mais là, pour le coup, je suis tombé sur ton dernier jet, The River & The Thread (2014). Très bien, ton travail.

Les chansons sont toutes de toi, il paraît ? Des nouveautés qui plus est. Ca sonne achement bien. Pour les guest, t’as pioché dans le carnet d’adresses de papa, j’me trompe pas ? John Prine, Derek Trucks, Tony Joe White, Kris Kristofferson, c’est pas d’la première jeunesse, mais ça a pignon sur rue, non ? Même Rodney est venu. Je l’aime bien Rodney, mais il me semble te l’avoir déjà dit. Je radote que veux-tu. Ce doit être l’avancée dans l’âge. Elle m’affecte plus que toi au regard des photos récentes que j’ai pu voir de toi. Le temps n’a pas d’emprise sur toi.

Donc, ça fait quatre ans que tu n’avais rien publié. Depuis 2010 et The List, m’a-t-on soufflé. C’est ton mari qui produit, paraît-il. John Leventhal, c’est ça ? Il te file la main à l’écriture aussi selon mes sources.

Ton album sent bon le sud. C’est là que tu es née et que tu as grandi ? Tes racines quoi, ta culture… country, rock, pop, blues, jazz et gospel. C’est loin de Manhattan, tout ça. C’est là que tu vis depuis un moment, pas vrai ?

Par contre, je tenais à te dire combien je suis séduit par la modernité, la fluidité et l’ambiance atmosphérique qui émanent de ton répertoire et de ta musique. On dirait un carnet de voyages ton truc. Et puis, ta voix… elle est jolie ta voix, nuancée comme papa. Les chiens ne font pas des chats…

J’ai un faible, je te l’avoue, pour Money Road. C’est puissant cette affaire, mais 50.000 watts ou When The Master Calls The Roll, ça tient bigrement bien la route aussi. Ton River & The Thread est de toute beauté, Rosanne. Je tenais à te le témoigner et à colporter le plaisir que j’ai eu à l’écouter. Chez les Cash, Rosanne, tu as su te faire un prénom. Chapeau et good luck (RAZOR).

 

1. A Feather’s Not A Bird.
2. The Sunken Lands.
3. Etta’s Tune.
4. Modern Blue.
5. Tell Heaven.
6. The Long Way Home.
7. World Of Strange Design.
8. Night School.
9. 50,000 Watts.
10. When The Master Calls The Roll.
11. Money Road.

 

John Leventhal:guitare,basse,percussion,mandolin,orgue,sitar.

Shawn Pelton,Dan Rieser:batterie.

David Mansfield:violon.

Amy Helm,Catherine Russell,Curtis King,Tabitha Fair,Tawatha Agee,John James,Rick DePofi,Jake Leventhal:choeurs.

John Paul White,Cory Chisel,Allison Moorer:harmonies vocales.

Tim Luntzel:basse.

Derek Trucks:slide guitare.

Dave Eggar:cello.

Jon Cowherd:piano.

Larry Farrell:trombone.

Gabe Witcher:fiddle.

The Master’s Choir (Rodney Crowell,Amy Helm,Kris Kristofferson,John Prine,Tony Joe White):choeurs.

 

LIEN POUR ECOUTER UN EXTRAIT

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Excellent rock champêtre.

Publié le par RAZOR

Genre:country-rock,country-blues.

 

WAYNE BERRY

HOME AT LAST - 1974 (4/5)

Excellent rock champêtre.

Dans le rock, il y a deux sortes de personnages : ceux qui se sont acoquinés avec le diable en utilisant leur statut de musicien pour s’autoriser tous les écarts et abuser de tous les interdits, et les autres qui, refusant la décadence du milieu et la vie dissolue des tournées, ont préféré choisir la voie divine. Aujourd’hui pasteur ou quelque chose de ce genre, Wayne Berry, semble ne pas s’être trop attardé dans le cercle vicieux de la musique rock, plus attiré par le rock chrétien que par la gloire et la fortune. La religion a, en effet, très tôt collé au quotidien de Wayne qui a grandi avec l’Eglise et le gospel.

Pourtant tout démarre bien pour cet acteur de la scène californienne passé par des groupes de folk et de rock, élevé dans une Nashville qu’il déteste, qui a croisé la route de prestigieux compagnons (Dylan, Kris Kristofferson, Jackson Browne, John Loudermilk, Paul Stockey de Peter Paul & Mary, Clive Davis…) et tenté, sans succès, quelques collaborations assez habiles, celle avec We The People notamment, mouture qui précède le Cowboy de Tommy Talton.

Il tape quand même dans l’œil d’A & M Records pour être un excellent chanteur, doublé d’un auteur-compositeur plus que valable. Faut dire qu’il sort d’une formation talentueuse, Timber, qui ne laisse pas insensible (2 LP). En fait, on connaît peu de choses sur cet artiste qui réussit quand même, pour un quasi inconnu, la gageure de réunir sur son premier album solo, le dénommé Home At Last (1974), une armée musicale constituée des meilleurs soldats du moment. Cet exploit mérite explication, c’était un cador le mec et on cherche à le camoufler. Si quelqu’un peut me débroussailler l’horizon, ça m’aiderait.

On ne bouge pas la fine fleur du coin, si on n’est pas crédible : Jim Gordon, Jesse Ed Davis, Jeff « Skunk » Baxter, David Paich, Wiiliam Smith, Davis Hood, Roger Hawkins, Pete Carr, Barry Beckett, Harvey Thompson, David Briggs, Jackson Browne, Charlie McCoy, Weldon Myrick, Billy Sandford, Norbert Putnam, Kenneth Buttrey Johnny Gimble… c’est pas rien, merde. Le Muscle Shoals, l’Area Code 615 et le gratin de ce qui flambe alors en studio sur la scène de la côté ouest, faut-il être un peintre pour les déplacer ? On croit rêver.

Au vu de ce qu’il pond sur ce disque (coûteux) de très bon rock champêtre en mode Jackson Browne, on ne rêve pas et on comprend mieux l’intérêt porté par la profession à Wayne Berry. La voix est belle, les compositions tiennent bien leur rang n’étant pas sans rappeler par instants Cowboy. Rien ne déçoit ici d’autant plus qu’avec des guests comme ceux cités rien de dommageable ne peut vraiment arriver. D’ailleurs la critique a bien accueilli ce disque à sa publication, disque plombé par une promotion tronquée qui n’a pas permis d’assurer le service après-vente comme il se doit.

Des 10 titres figurant ici, Wayne Berry en a assuré la quasi-totalité, en termes d’écriture. L’ensemble du répertoire est agréable sur toute la ligne avec toutefois quelques pics plus accrocheurs comme All I Need, le mid-tempo Another’s Lifetime, Indian Woman From Wichita, Snowbound, Welcome Home, autrement dit toute la face A, Black Magic Gun et Gene’s Tune de l’autre côté. Comme beaucoup d’entre vous, je découvre et j’avoue que Home At Last est plutôt sympa (RAZOR).

 

Face 1.

1. All I Need.

2. Another's Lifetime.

3. Indian Woman From Wichita.

4. Snowbound.

5. Welcome Home.

 

Face 2.

1. Dixie's Pride.

2. Black Magic Gun.

3. Ballad Of Jonah.

4. Gene's Tune (Blonde Guitar).

5. Lovers' Moon.

 

Wayne Berry:guitare,chant.

James Rolleston:basse,choeurs.

Bobbye Hall:congas.

Jim Gordon:batterie.

Jesse Ed Davis:guitare.

Jeff Baxter:guitare.

William Smith:orgue.

David Paich:piano.

Ginger Holladay:choeurs.

Mary Holladay:choeurs.

Ned Doheny:choeurs.

David Hood:basse.

Roger Hawkins:batterie.

Ben Cauley:cor.

Jimmy Johnson:guitare.

Pete Carr:guitare.

Reggie Young:guitare.

Barry Beckett:piano,orgue.

Ronnie Eades:saxophone baryton.

Harvey Thompson:saxophone ténor.

Charles Lloyd Rose:trombone.

Harrison Calloway:trompette.

David Briggs:claviers.

Jackson Browne:choeurs.

Weldon Myrick:guitare.

Jeanie Green:choeurs.

Billy Sandford:guitare.

Norbert Putnam:basse.

Kenneth Buttrey:batterie.

Johnny Gimble:violon.

Charlie McCoy:harmonica.

Mantup Trebron:piano.

Shane Keister:synthétiseur.

 

LIEN VERS BALLAD OF JONAH (WAYNE BERRY/HOME AT LAST - 1974)

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Comme si sa vie en dépendait.

Publié le par RAZOR

Genre:folk,country alternative,Americana.

 

JOHN PRINE

SWEET REVENGE - 1973 (5/5)

Comme si sa vie en dépendait.

John Prine avait l’imagination fertile. Il fourmillait de tant de bonnes idées et de scénarii prompts à alimenter matière à s’exprimer qu’il aurait pu écrire des bouquins, signer des chroniques ou je ne sais quoi encore. Il a choisi la musique comme vecteur pour libérer l’effervescence qui couvait en permanence sous sa coiffe. Au stade actuel de sa carrière et au regard d’un C.V. incitant plus à détourner le regard vers le bout de ses godasses qu’à chicaner, qui serait assez gonflé de lui en faire le grief ? Ce conteur-né, passé par le rock, le rockabilly, la folk et la country jusque dans sa version alternative, c’est respect et chapeau. Quand son nom est cité, on met le mouchoir dessus et on se fait petit, petit. Etre repris par Dylan et Baez, pour ne citer qu’eux, indique bien la haute considération que le milieu porte à son écriture. La critique du moment abonde dans ce sens à l’unanimité. De quoi faire taire le camp des opposants…

Son premier LP (John Prine/1971), alors que Prine est à peine débarqué sur la scène folk du début des années 70, confirme le sentiment général. Comme il est exceptionnel, son suivant, Diamonds In The Rough (1972) peine à convaincre d’une récidive et paraît un peu en retrait. Avec le recul et en se coupant de ce contexte, il s’avère juste un peu inégal, mais ça ne va pas plus loin. Il a de la gueule quand même, n’en déplaise aux détracteurs.

Paraît alors, dans la foulée, Sweet Revenge (1973) qui remet les pendules à l’heure et rabat pour le compte le caquet des mêmes ronchons, si tant est que sa régularité à haut niveau ait été mise en cause à un quelconque moment. Dans la cour de récré du rock, c’est ferme ta boîte à camembert, tu l’ouvriras pour le dessert…

Si j’ai écorné l’angle supérieur de la page consacrée à Sweet Revenge, c’est parce que ma vie musicale, dédiée à l’écoute de la production country-rock essentiellement, m’a amené à la consulter souvent et régulièrement depuis sa publication. On ne peut pas faire sans si on apprécie le sujet et l’artiste. Elle  constitue une valeur sûre du catalogue des 70’s de Prine, avec l’éponyme et Bruised Orange (1978) sur lequel il donne l’impression d’être venu en mobylette et sans casque à la séance photo, à moins qu’il n’ait souscrit à un méga brushing. Néanmoins, je vous le recommande, c’est balaize et ce pour la troisième fois de rang dans cette décennie.

La presse a bien accueilli ce LP. Moi aussi, car il se situe dans le moule artistique de ce que j’aime tout particulièrement chez les grands songwriters Yankees du folk et de la country : leur faculté à mêler humour et peine, autodérision et tendresse, à provoquer, à manier la coolitude dans la simplicité et avec détachement, et la grâce naturelle qu’ils déploient à le faire. Sur fond de country-rock ici. Son répertoire du jour, sous contrôle permanent, est, complètement et sans la moindre ambigüité, porteur des germes ricains.

Poussé sur le devant de la scène par Paul Anka, le chanteur chéri de nos jeunes mamans d’alors, et par Kris Kristoffferson, le countryiste racé, Prine met à profit son engagement par Atlantic Records pour montrer qu’il en a sous le capot.

Témoin cet accrocheur Sweet Revenge, plus mature et plus cohérent, qui avance de solides pions comme le simultanément fun et affligé Christmas In Prison, comme A Good Time, Onomatopeia, The Accident, Mexican Home, A Good Time, Please Don’t Bury Me, Dear Abby, le up-tempo Blue Umbrella, comme le délicieux Grandpa Was A Carpenter.

Même si Prine n’est pas, à proprement parler, de la race des grands chanteurs, il n’en demeure pas moins un excellent interprète du répertoire amerloque ; il y met tellement de cœur et d’âme que l’on pourrait penser que sa vie en dépend. Dès lors, il ne surprendra personne que Prine, un des très grands auteurs-compositeurs de la seconde moitié du siècle dernier soit vu comme un trésor national au pays de l’Oncle Sam

Produit par Arif Mardin, ce tome 3 de sa tierce discographique de référence a été enregistré, pour l’essentiel des 12 titres (9) à Nashville avec des acteurs du crû. C’est assurément son album le plus irrévérencieux (RAZOR).

 

1. Sweet Revenge.

2. Please Don't Bury Me.

3. Christmas In Prison.

4. Dear Abby.

5. Blue Umbrella.

6. Often Is A World I Seldom Use.

7. Onomatopeia.

8. Grandpa Was A Carpenter.

9. The Accident (Things Could Be Worse).

10. Mexican Home.

11. A Good Time.

12. Nine Pound Hammer.

 

John Prine:chant,guitare acoustique.

Reggie Young:guitare électrique,guitare acoustique.

Steve Goodman:guitare électrique,guitare acoustique,harmonies vocales.

David Briggs:piano,orgue.

Mike Leech,Hugh McDonald:basse.

Kenny Malone,Steve Mosley:batterie.

Cissy Houston,Deirdre Tuck,Judy Clay: choeurs.

John Christopher:guitare acoustique.

Dave Prine:dobro,banjo.

Raun McKinnon:harmonies vocales.

Grady Martin:dobro,guitare acoustique.

Jerry Shook:harmonica

Steve Burgh:guitare acoustique,guitare électrique.

Kenny Ascher:piano électrique.

Ralph McDonald,Bill Slater:percussions.

Doyle Grisham:steel guitare.

Bobby Wood:piano.

 

LIEN POUR ECOUTER LE TITRE SWEET REVENGE (1973) - JOHN PRINE

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Le chanteur particulier de Dieu.

Publié le par RAZOR

Genre:DVD,country,documentaire.

 

GRAM PARSONS

FALLEN ANGEL - 2006 (5/5)

Le chanteur particulier de Dieu.

Les inconditionnels de Gram Parsons seront forcément de ce documentaire, s’ils n’y sont pas déjà et depuis longtemps. Personnellement, j’ai souscrit à Fallen Angel quelques années après sa parution en 2006. Je viens de le visionner dernièrement pour une énième fois et pour remettre de l’ordre et de la clarté dans les souvenirs qu’il m’en restait, avant que de vous en faire le commentaire.

Les Gramfans connaissant leur Parsons sur le bout des doigts, n’ignorant rien de ses faits et gestes d’alors, n’apprendront pas forcément grand chose de ce docu qui conforte les biographies éditées sur papier ; par contre, Fallen Angel aura un réel intérêt pour les ceusses non initiés aux choses d’un artiste devenu légendaire depuis et dont la pertinence de sa vision musicale deviendra une norme pour beaucoup.

Fallen Angel, première adaptation sur écran, retrace avec fascination la vie, la mort (à quelques jours près il entrait dans le sinistre club des 27) et le parcours artistique de Parsons qui aboutit  à l’émouvante musique cosmique américaine à laquelle il a donné le jour et pour laquelle il est unanimement plébiscité aujourd’hui. Jusqu’alors seules quelques bio écrites, pour certaines approximatives, inexactes ou insistant abusivement et douloureusement (pour la famille) sur les failles supposées ou avérées de Gram faisaient état du sujet Parsons. Mettons-nous à la place de ses proches et comprenons leur ras le bol de relire les mêmes casseroles à chaque recoin de rédaction.

En cela, Gandulf Hennig (aidé par le biographe Sid Griffin) a instauré dans cette relation une saine et vraie confiance, les rassurant sur toute tentative de récupération commerciale de Gram ou d’exploitation outrancière des frasques jusqu’alors excessivement dévoilées dans les presses, sans scrupules ni respect pour l’artiste et les siens ; en retour il a eu l’assentiment d’une famille qui, fait rare, apporte son écot au thème ciblé par le cinéaste allemand. Pour une partie de la parenté, c’est même une première et, même si, pour l’essentiel, la quasi-totalité des faits est corroborée, le fait de l’aborder sous un angle nouveau est un plus incontestable.

Proches (sa femme Gretschen, sa demie sœur Diane, sa belle sœur Becky, sa fille Polly, le cousin John Sively III, sa nièce Avis Parsons III,  fille survivante d’Avis, sœur de Gram), musiciens familiers (Keith Richards, Chris Hillman, Emmylou Harris, James Burton, Bernie Leadon, John Nuese, John Corneal, Sneaky Pete Kleinow, Chris Ethridge), confrères (Peter Buck de REM, Dwight Yoakam, Pamela Des Barres), milieu professionnel (Michael Voss d’A & M Records, le road manager Phil Kaufman), potes d’école, amis de la famille, ancien partenaire des Shilohs (Paul Surratt), d’ISB et du Flying Burrito Brothers et même le costumier qui confectionnait ses Nudies de scène bariolés, ses tenues cloutées et strass, tous interviennent dans le superbe film du cinéaste berlinois pour façonner une sorte de biographie de celui qui avait en tête de vivre à 200 à l’heure et de devenir une rock star : Ingram Cecil Connor, dit Gram Parsons, le fondateur d’un country-rock dans lequel se sont engouffré, à l’époque, les Byrds, Eagles et Rolling Stones, et plus tard des formations comme REM et sans lequel la country alternative n’aurait jamais existé.

Fallin Angel retrace l’itinéraire de ce musicien qui, à son apogée du moment, n’a jamais été populaire et commercial, encore moins soulevé les foules comme les Stones de son ami et frère de sang Keith Richards. Son heure de gloire sera posthume. Les superlatifs se succèdent alors, de son rôle décisif dans l’évolution du mythique Byrds via le séminal Sweetheart Of The Rodeo (1968) qui relie deux mondes musicaux opposés (rock et country), à la country cosmique et alternative associée à son nom pour l’éternité.

C’est d’ailleurs le Capitaine Teague de Pirates Des Caraïbes 4 qui entame l’effeuillage du récit de l’une des existences les plus poignantes et dramatiques du rock, même si l’épisode de ses obsèques est assez cocasse et sa chute plutôt morbide, significatifs du monde d’illuminés dans lequel évoluaient alors  certains esprits complètement déconnectés du moment. Fallait pas laisser traîner les cachetons, l’herbe, les amphés et le Jack Daniels, sans quoi …

L’anecdote relative à l’incroyable scène de vol du cercueil de Gram, dictée par un pacte entre Clarence White et Parsons, orchestrée par son road manager et exécuteur de la promesse, Paul Kaufman, est ici mise à plat par son auteur et les acteurs qui ont accompagné ses derniers instants. Les derniers doutes sont ainsi dissipés sur des faits présentés souvent dans des versions abracadabrantes et déstabilisantes pour une famille qui voulait des funérailles à la hauteur de leur amour pour Gram.

Une grande pudeur se tisse  autour de cette péripétie, même si Phil Kaufman, coupable d’avoir détourné le corps et d’y avoir mis le feu, ne fait pas toujours dans la demie mesure pour l’expliciter. Mais c’est Kaufman, un fort en gueule pour ne pas dire une grande gueule, au regard de sa propension à facilement se vanter dans son autobiographique Road Mangler Deluxe, livre sur son expérience dans l’industrie du disque.

L’approche de Hennig alterne entrevues, courts extraits live, photographies et films personnels, images d’enfance et familiales, lettres, le tout sur fond musical soulignant la grandeur de l’œuvre du concerné. Un lot assez conséquent de documents jusqu’alors inaccessibles et jamais publiés alimente ce Fallen Angel. Autant que faire se peut, progressivement, le documentariste parvient à détourner le spectateur des mauvais plis du Parsons autodestructeur, contribuant ainsi à la réhabilitation d’une image que les prises de drogue ont écornées et dont la presse a, avec insistance et au-delà de ce qui est permis, grossi les traits. Le travail d’Hennig réanime beaucoup d’émotions enfouies. Beaucoup d’intimes de Gram, de par le cœur ou de par la note, n’ont pas fait le deuil de la perte immense de celui vu comme le chanteur particulier de Dieu. Les larmes de Gretschen Parsons Carpenter, sa veuve à 21 ans, sont à elles-seules révélatrices de toute la peine que véhicule encore la mémoire du mari, du frère, du cousin, du pote, du confrère, de l’artiste. Elles sont aussi les nôtres (RAZOR).

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Premier vrai opus hors-la-loi.

Publié le par RAZOR

Genre:country US,country outlaw,folk,blues.

 

BILLY JOE SHAVER

OLD FIVE AND DIMERS LIKE ME - 1973 (4/5)

Premier vrai opus hors-la-loi.

Billy Joe Shaver n’est pas le plus populaire des pratiquants de l’Outlaw, vous savez… cette race de country marginalisée dont je vous ai tant vantée les facettes jusqu’ici. Là où brillent les Willie Nelson, Guy Clark, Kris Kristofferson, Steve Earle, Mickey Newbury, Waylon Jennings ou David Alan Coe, Billy Joe Shaver reste une énigme pour le commun des mortels. Pas pour les férus du genre qui vous diront toute la haute considération dans laquelle est tenue cette grande figure de la country dans le milieu des stetsons et des rednecks. Ceux-ci avancent même le terme de légende, donc on fera confiance à leur jugement…

S’il n’est pas aussi connu que ses illustres confrères, Billy Joe Shaver n’en a pas moins écrit de belles pages dans l’Outlaw. A ce titre, Old Five And Dimers Like Me (1973), son premier LP, tombe comme un cheveu sur la soupe pour étayer ce constat. Excellent interprète à la voix agréablement rauque, BJS se double d’un talentueux songwriter ; ses confrères du métier ont un œil permanent sur son répertoire et, à ce titre, Old Five And Dimers Like Me est un véritable allié au service de sa popularité. Par cet album, il s’ouvre une voie royale tant pour l’accomplissement de ses desseins personnels que pour servir les intérêts d’une concurrence envieuse de la qualité de sa plume et à la peine pour se hisser à son niveau.

Il ne surprendra donc personne que l’œuvre de Billy Joe Shaver soit constamment et régulièrement visitée, même par les meilleurs comme Tom T. Hall, Kris Kristofferson, Bobby Bare, Johnny Cash qui a enregistré 25 chansons de Shiver, David Allan Coe, Elvis Presley, Waylon Jennings ou les Allman Brothers. Grâce à ces derniers, le répertoire du texan compte des pièces devenues depuis des classiques de la country outlaw à l’image de Willy The Wandering Gypsy And Me, I Been To Georgia On A Fast Train, Ride Me Down Easy, Sweet Mama ou Good Christian Soldier.

Dans le même temps que sort Old Five And Dimers Like Me (1973), Waylon Jennings publie pour RCA Records  un LP de musique country (Honky Tonk Heroes) dont 9 des 10 titres sont signés BJS. Ce disque est considéré comme un élément charnière déterminant dans la transition entre Nashville et l’outlaw. Premier vrai opus hors la loi, il est par ailleurs capital pour Billy Joe Shaver qui n’est encore qu’un illustre inconnu. Les deux albums sont étroitement liés avec quatre morceaux en commun. La presse rock acquiesce, BJS est lancé.

Monument Records héberge son premier jet, un mélange de country, de blues et de folk et Kris Kristofferson le produit. Black Rose, Old Five And Dimers Like Me, I Been To Georgia On A Fast Train, Jesus Christ Was A Man, Willy The Wandering Gypsy And Me, Serious Soul, Low Down Freedom, Bottom Dollar, L.A. Turnaround dévoilent un charme incomparable et se positionnent comme une belle vitrine pour situer le talent de cet artiste. Les amateurs du genre seront preneurs ; pour les autres, Old Five And Dimers Like Me est tout indiqué pour les amener à la country (RAZOR).

 

1. Black Rose.

2. Old Five And Dimers Like Me.

3. L.A. Turnaround.

4. Jesus Christ, What A Man.

5. Played The Game Too Long.

6. I Been To Georgia On A Fast Train.

7. Willy The Wandering Gypsy And Me.

8. Low Down Freedom.

9. Jesus Was Our Savior And Cotton Was Our King.

10. Serious Souls.

11. Bottom Dollar.

 

POUR ECOUTER BILLY JOE SHIVER - OLD FIVE AND DIMERS LIKE ME - 1973

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Il pouvait faire pleurer les anges.

Publié le par RAZOR

Guy-Stewart---Out-Of-Hand---1975.jpg

Genre:country,honky tonk.

 

GARY STEWART

OUT OF HAND - 1975

POUR ECOUTER L'ALBUM

link

 

CHRONIQUE N°1700.

 

L’année 2003 a été terrible pour la country music. Elle a successivement laissé sur le carreau June Carter (en mai), puis celui qui fut son homme, Johnny Cash (septembre), et enfin le moins médiatique Gary Stewart (décembre). Si, pour le couple  Carter/Cash, c’est la maladie qui eut finalement raison d’eux, en ce qui concerne la mort du roi de la Honky Tonk, elle relève apparemment d’un suicide par arme à feu. Un coup de fusil en pleine tronche. Stewart avait 58 ans. Un mois avant, sa femme disparaissait.

Non, restez. Je n’ai pas dans l’idée de faire dans la rubrique nécrologique mais plutôt de vous convier à découvrir un très grand acteur de la country, le fameux Gary Stewart en question, natif du Kentucky, mais floridien d’adoption, grand faiseur de hits country tant en qualité d’interprète que de compositeur. Malgré cela, l’artiste accuse un sérieux déficit de popularité auprès des rockeux pour lesquels la country est marginalisée et aura, c’est dur à dire, été plus célèbre mort que vivant. Sauf pour le milieu champêtre et l’environnement sudiste.

Out Of Hand (RCA/1975) et ses deux grands hymnes à la picole (Drinkin’ Thing et She’s Actin’ Single) est ce qu’il a fait de mieux. Non content d’être prolixe dans l’écriture et l’interprétation du genre à boire, il a vécu la déchéance de l’alcoolique en s’impliquant plus que de raison dans la bouta nche. Son penchant pour la dope et la chnique étaient connus du milieu.

Out Of Hand s’est positionné au sixième rang du Billboard catégorie Country. Insuffisant pour pouvoir gratter une once de notoriété à une époque où les clivages rock/country étaient très exacerbés.

Maintenant que les barrières sont levées entre ces deux genres qui ne faisaient alors pas bon ménage et que la country s’est refait une santé vis les réseaux de la toile, Gary Stewart refait parler de lui et de son disque fétiche ; c’est aussi celui des fans du Monsieur.

Notez bien que pour moi, dans le cas présent, Monsieur s’écrit avec un grand M. Comme Monument. Comme Monstrueux, Mémorable ou tout simplement comme Magnifique : c’est ce qu’il ressort de l’écoute d’Out Of Hand, un disque de honky tonk qui fait aimer la country.

Pour rappel, le honky tonk est une variante du genre, dérivée du style de bars où il est pratiqué. Hank Williams, Merle Haggard, Joe Ely, Jimmie Rodgers et Tony Joe White en sont de merveilleuses figures. C’est de la musique pour étancher une grande soif en s’accrochant au goulot d’une flopée de Budweiser et finir bourré le nez dans la sciure, pour danser comme un taré. Ca sent sacrément bon le lâcher de bourrins dans la cambrousse. C’est frais, récréatif et ça ne fait pas de mal au pourceau. Des fois même, ça vire en eau de boudin, c’est comme ça. C’est le folklore.

Outre les deux morceaux incitant à lever le coude cités précédemment, Out Of Hand, la chanson-titre, s’affirme être une des meilleures chansons que la country ait engendrée. Les inspirées I See The Want To In Your Eyes, Backslider’s Wine, Sweet Country Red situent bien le haut niveau d’ensemble de la deuxième prestation discographique solo de Stewart. La voix est pure (avec un beau vibrato), lourde d’émotion et pouvait, il se dit, faire pleurer les anges ; le chant est brillant, le son superbe et l’artiste est soutenu par un parterre de musiciens chevronnés et rompus à la country. C’est donc tout bénef.

Au final, Gary Stewart gagne sur tous les fronts : les fans de country sont ravis, les non initiés surpris et séduits, et les critiques convaincus. Stewart n’a pas pour autant vaincu ses démons, mais, une chose est sûre, il a fait de Out Of Hand une pièce maîtresse de toute la country confondue. Malheureusement il était tellement en vrac qu’il n’a pas su en profiter. Dommage car de l’avis général, l’après Out Of Hand a réservé quelques autres bons moments comme Your Place Of Mine en 77 et Gary en 79  (RAZOR).

 

Face 1.

1. Drinkin' Thing.

2. Honky Tonkin.

3. I See the Want To in Your Eyes.

4. This Old Heart Won't Let Go.

5. Draggin' Shackles.

 

Face 2.

1. She's Actin' Single (I'm Drinkin' Doubles).

2. Backslider's Wine.

3. Sweet Country Red.

4. Out of Hand.

5. Williamson County.

 

Gary Stewart:chant,guitare.

Harold Bradley:guitare, basse.

David Briggs:piano.

Jerry Carrigan:batterie.

Pete Drake:steel guitare.

Ray Edenton:guitare.

Buddy Harman:batterie.

John Hughey:steel guitare.

Jim Isbell:batterie.

The Jordanaires:choeurs.

Charlie McCoy:harmonica.

Bob Moore:double basse. 

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En meneur des Outlaws.

Publié le par RAZOR

Mickey-Newbury---Frisco-Mabel-Joy---1971.jpg

Genre:country,Outlaw.

 

MICKEY NEWBURY

LOOKS LIKE RAIN - 1969

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (33RD OF AUGUST)

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Quand, il y a un an environ, j’ai posté la chronique concernant Frisco Mabel Joy sur la Toile, je m’attendais à raviver de grands moments auprès d’une populace d’anciens ou de férus d’Americana et, le cas échéant, à fédérer et échanger sur le thème Newbury. Tu parles, Charles, peau de balle et balais de chiottes, ça ne se bouscule pas plus au portillon aujourd’hui qu’hier et j’en suis encore à attendre désespérément qu’un premier pékin ne vienne pointer à ce rendez-vous.

De deux choses, l’une. Ou mon papier n’a pas réuni suffisamment d’arguments convaincants pour inciter à s’engouffrer dans les pas du patriote Newbury par mon entremise ou l’artiste qui a réunifié l’Amérique et a réinstallé sous la même bannière étoilée, blancs et noirs, nord et sud, variété et country, et ceci en un seul coup (American Dream), intéresse degun. Dans un cas comme dans l’autre, c’est navrant : preuve qu’il y a encore du boulot à faire pour attirer les regards à soi.

Loin de moi l’idée de renoncer pour autant à faire de la pédagogie sur un sujet aussi culte que cet artiste et son œuvre, quand, dans le même temps, on persiste à nous submerger de daubes polycarbonates inqualifiables, quand on continue à crouler sous des divas avant l’heure nasillardes exhibant nichons et tortillant du fion pour penser exister et faire exister leur entourage de tatoués peroxydés, quand on enfonce le clou à nous agiter sous le nez à des fins d’enfumage  l’ancien dernier grand attaquant français sur terre battue, dont la reconversion en en grand moralisateur de gauche est aussi crédible que son implication dans la musique, ou quand, du côté de la rue de Valois, on se prend à mégoter sur la légitimité de décerner la légion d’honneur à Dylan l’insoumis et qu’en parallèle, Shakaponk, valeur du rock numérique actuel, se goinfre un peu facilement celle de Chevalier des Arts et Lettres. C’était mon quart d’heure de défoul’, c’est dit, passons à Newbury.

Depuis 45 ans, et jusqu’à ce qu’il ne trépasse en 2002, que ce mec discret pratique à haut niveau, les traces de fumée blanches qui moutonnent encore dans le sillage de son parcours artistique, ne sont pas prêtes de se dissiper. Même mort. Il est simplement regrettable que ces chemtrails n’intéressent plus qu’un groupuscule d’irréductibles, plus que jamais monté sur ressorts pour ne pas laisser ce label s’éteindre et pour tenter d’occuper un terrain laissé injustement et abusivement à des acteurs de pacotille, la faute à une presse abêtie et sans foi, ni loi, qui penche désormais et en priorité en faveur des intérêts commerciaux qu’elle en tire, plus qu’elle ne remplit la mission culturelle qui lui incombe.

 Car il est là le blème, combien de journaleux ont concédé, ne serait-ce que quelques lignes, au phénomène Newbury ? Sait-on au moins la prolificité et la pertinence d’un catalogue dans lequel il n’est pas une sommité du rock et de l’Americana réunis qui ne moissonne encore régulièrement son répertoire ou qui n’y ait pas pioché un jour matière à s’assurer pitance, considération, audience ou popularité ?

A-t-on idée de l’incidence même de son acte le plus fumeux, le plus osé, une belle et poignante pièce-montée  militante et patriote qu’Elvis Presley achèvera de porter aux nues ? An American Trilogy, c’est fait pour ne jamais disparaître. Sans compter que Mickey Newbury, autre rénovateur de country, peut s’enorgueillir d’une discographique époustouflante.

L’opportunité est toute trouvée de se retourner sur un des illustres maillons de son inventaire : Looks Like Rain, deuxième étage d’un édifice discographique prestigieux que son fronton situe en 1969.

Disque des jours tristes et pluvieux par excellence, Looks Like Rain succède à Harlequin Melodies (1968) un premier LP un tantinet trop lissé que Newbury a réprouvé en personne pour des divergences sur la manière dont il a été produit par RCA. C’est pourquoi le texan s’engage avec un nouveau label, Mercury, duquel il obtient l’engagement de se charger lui-même de la prod.

Avec les coudées franches et en contrôle total, Newbury ose une certaine originalité en dotant l’entièreté de l’enregistrement d’une atmosphère orageuse qui pénètre insidieusement l’auditeur. La pluie et le tonnerre, dans une sorte d’album-concept, cimentent entre elles les différentes chansons d’un disque intime dans lequel le chagrin, l’amour abîmé, l’amour tragique, la mort et la dépression sont chantés avec force émotion et dignité. Certaines pièces bénéficient par ailleurs de subtiles et atmosphériques arrangements ainsi que d’ingénieux effets sonores (train, carillon…).

Le songwriting exceptionnellement minutieux qui alimente le projet, la voix d’une grande profondeur et d’une belle douceur qui le porte,  positionnent Looks Like Rain parmi les œuvres les plus géniales et les plus révolutionnaires que la country ait inventoriées. Ce country-folk élégant, fluide et installé hors du champ spatio-temporel ambiant se positionne dans l’antichambre de ce qui donnera l’impulsion au mouvement Outlaw à venir.

Album en avance sur son époque, profond et mystérieux, au son attachant, auquel il est difficile de reprocher quoi que ce soit et qui aurait pu se nicher dans le gousset d’un Townes Van Zandt  ou d’un Tim Hardin, Looks Like Rain agrémente pour un tiers le coffret anthologique publié chez Drag City sous An American Trilogy (2011) ; Frisco Mabel Joy (1971) et Heaven Help The Child de 1973 (et Better Days, un Cd d’inédits et de démos), à tomber sur le cul, complètent cette offre unique. Cette tierce discographique est touchée par la grâce. Frissons garantis…

Parenthèse refermée, le constat qui découle de l’écoute de Looks Like Rain amène à admettre que le cheminement de ce registre est si finement, si positivement,  si intelligemment structuré et réalisé qu’il s’accommode mal, à sa publication, d’un quelconque retour sur investissement dans les bacs. Ce dernier facteur de rentabilité n’échappe d’ailleurs pas au mercantilisme de Mercury qui, ne comprenant visiblement rien à l’Art, expurge le visionnaire Newbury de ses effectifs. La période Elektra s’annonce alors ; elle sera aussi stellaire et prolifique.

Ce chef d’œuvre rare, apanage d’une minorité d’allocutaires branchés, a ouvert la voie aux rebelles de l’Outlaw, et, depuis, a beaucoup influencé la sphère des rejetons auteurs-compositeurs. Gageons qu’un gazier aussi grand mélodiste qui a été repris par un millier de ses confrères pop, R&B ou country, via un nombre équivalent de chansons, puisse impacter désormais un public plus élargi, ce à quoi je m’emploie et m’emploierai avec détermination.

Dans le détail, l’album donne vie à deux titres parmi les plus célèbres de Newbury : le fantastique She Even Woke Me Up To Say Goodbye et le séminal San Francisco Mabel Joy qui donne son titre au prochain LP de l’artiste.

Looks Like Rain loge un contingent de pensionnaires aussi bouleversants : I Don’t Think About Her No More, The 33 rd Of August, Wrote a Song A Song/Angeline, T. Total Tommy (le plus potentiellement commercial), When The Baby In My Lady Gets The Blues, Look Like Baby’s Gone.

Même 45 ans plus tard, cette antidote contre le pas bien est à écouter, surtout les jours down et pour ne pas avoir à passer à l’acte. On pleure, mais ça fait un bien fou d’être là, sous le porche, transi, à écouter la pluie tomber, les chœurs planer, la guitare égrener ses aménités, avec un exceptionnel chanteur. Et si, après ça, vous voudriez enterrer le sujet, je vous attends de pied ferme (RAZOR) .

 

1. Wrote A Song A Song/Angeline.

2. She Even Woke Me Up to Say Goodbye.

3. I Don't Think About Her No More.

4. T. Total Tommy.

5. The 33rd of August.

6. When The Baby In My Lady Gets The Blues.

7. San Francisco Mabel Joy.

8. Looks Like Baby's Gone.

 

Kenny Buttrey:batterie.

Jerry Kennedy:guitare,saxophone,sitar.

Charlie McCoy:basse,guitare,harmonica.         

Farrell Morris:percussions.

Wayne Moss:guitare.

Mickey Newbury:guitare,chant.     

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Une tronche !

Publié le par RAZOR

Larry-Jon-Wilson---New-Beginnings---1975.jpg

Genre:country.

 

LARRY JON WILSON

NEW BEGINNINGS - 1975

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (OHOOPEE RIVER BOTTOMLAND)

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Jouons-la franco. Jusqu’au visionnage du documentaire sur la country Outlaw, Heartworn Highways, dont je vous ai récemment référé, je n’avais pas la moindre idée sur qui était Larry Jon Wilson, encore moins que ce natif de Georgie et familier des Earle, Van Zandt, Prine, Newbury, Clark, Coe ou Kristofferson était si considéré dans la musique country. Comme auteur-compositeur, d’une part, et comme chanteur-guitariste d’autre part.

Révélé par ce film, je me suis mis en quête d’en savoir un peu plus sur cet oiseau à la voix de baryton, d’abord assez sympathique, d’humeur plutôt joviale au regard des images attachantes que j’en ai vues. J’en ai aussitôt pincé pour cette tronche, tombant littéralement sous le charme de sa chanson Ohoopee River Bottomland, rivière géorgienne au nord de laquelle Larry Jon Wilson est né.

Patratas ! J’apprends, dans la foulée des premiers contacts noués avec le cursus de cet artiste, que l’homme est mort d’un AVC le jour où l’été 2010 annonce son retour et surtout, terrible ironie du sort, alors que son petit-fils vient de naître.

Venu tard aux affaires mais surtout trop soul pour les ploucs du sud et trop précieux pour les honky-tonkers, Larry n’a jamais trop fait parler de lui dans son art, n’ayant jamais vraiment accroché de quoi alimenter les charts pour s’assurer une parcelle de popularité, et a eu la merveilleuse idée de tourner le dos à l’industrie du disque au début des années 80. Qui plus est, le songwriter country a attendu plus de trente ans avant de republier un LP éponyme en 2008 sur le label Drag City.

Et pourtant, tous les avis convergent pour louer la qualité de ses quatre albums pour Monument Records, réalisés dans la deuxième moitié des  années 70 : New Beginnings (1975), Let Me Sing My Songs (1976), Loose Change (1977) et Sojourner (1979). Malgré les éloges du milieu musical, Wilson se retire de la scène, préférant donner la primeur à l’écriture tout en continuant à se produire en public de manière informelle. Ecoutable pour peu que vous sortiez des clous de la distribution classique, tout le bien qui transpire de cette œuvre se confirme. J’vous dis ça, j’vous dis rien.

New Beginnings, sur lequel j’ai jeté mon dévolu pour l’heure, a été acclamé par la critique. Le LP de ses débuts pêche par le seul fait qu’aucun de ses titres n’a fait carrière dans les hits. Pour le promouvoir à l’époque, c’était coton. Avec le temps, la crédibilité engendrée au fil des années par les rumeurs favorables et grâce au regain d’intérêt dû à la sortie de son dernier album, New Beginnings a pris un volume supplémentaire par rapport aux commentaires liés à sa publication d’origine.

Ma propre écoute de New Beginnings, prise sous l’angle du chroniqueur privé de munitions et débarquant, trois décennies plus tard et à l’aveugle dans un environnement peu familier, avec la bite et le couteau pour seuls alliés, relève plus du blind test au doigt mouillé, que de l’avis généralement décortiqué et documenté que je pratique habituellement.

Au pif, il est patent que cette collection de chansons ne véhicule pas en elle les éléments d’une réussite commerciale, ceci explique certaines interrogations sur le sujet Wilson. Il s’avère malgré tout que la prestation variée de Larry Jon Wilson restitue une belle fraîcheur, une bonne dose d’originalité et encore plus, de sincérité. New Beginnings est accrocheur. Constitué pour moitié de belles ballades, les origines sudistes de ce répertoire sont manifestes.

La voix forte de baryton vole la vedette à une écriture originale introspective pourtant sublime, souvent narrative, qui amène à regretter de ne pas avoir eu connaissance de l’existence de ce personnage attachant plus tôt, mais qui n’a rien fait pour changer le cours des événements. Sa coutry-funk de New Beginnings bénéficie de beaux arrangements ; elle n’est pas sans rappeler un certain Tony Joe White, dont on se demande si Larry n’est pas le fils caché.

J’ai craqué pour ce mec qui dit être né en 1975 quand il débarque à Nashville, j’ai craqué pour son délicieux Ohoopee River Bottomland qui fricote avec l’Outlaw, une scène que j’affectionne. Sa perte est lourde et immense. Je tenais tout simplement à vous en faire part, point barre. Souhaitons-lui une gloire posthume, son anonymat étant si injuste ; il le méritait bien (RAZOR).

 

Face 1.

1. Ohoopee River Bottomland.

2. Through The Eyes Of Little Children.

3. New Beginnings (Russian River Rainbow).

4. The Truth Ain'y In You.

5. Canoochee Revisited (Jesus Man).

 

Face 2.

1. Broomstraw Philosophers And Scuppernong Wine.

2. Lay Me Down Again.

3. Melt Not My Igloo.

4. Things Ain't What They Used To Be (And Probably Never Was).

5. Bertrand My Son.

 

Johnny Christopher,Don Potter:guitare acoustique.

Tommy Cogbill:basse.

Henry Strzelecki:basse acoustique.

Hayward Bishop,Jerry Carrigan:batterie.

Bruce Dees,Reggie Young:guitare électrique.

Lloyd Green:slide guitare.

Donnie Lowell:harmonica.

Bobby Woods:claviers.

Farrell Morris,Hayward Bishop:percussions.

Gayle Whitfield:saxophone.

Tommy Smith:trompette.

Larry Jon Wilson:guitare,chant.

Belinda West,Bruce Dees,Ginger Holloday:choeurs.

Janet Helm,Lea Jane Berinati,Mary Holladay:choeurs.

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Le coeur à l'ouest, les pieds à Nashville...

Publié le par RAZOR

Steve-Young---Seven-Bridges-Road---1972.jpg

Genre:country-rock,country,west coast.

 

STEVE YOUNG

SEVEN BRIDGES ROAD - 1972

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (SEVEN BRIDGES ROAD)

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J’y suis, j’y reste. Je m’y sens si bien dans cette coolitude Outlaw que je ne résiste pas à l’envie et au plaisir d’enfoncer un peu plus le clou en vous emmenant, une fois encore, du côté d’Austin, épicentre d’un théâtre que Steve Young a également impacté, dont il fut surtout un talentueux pourvoyeur avant d’en être un acteur direct. Même s’il a navigué entre Nashville et Austin, qu’il fut dans les bons papiers de Waylon Jennings, de Townes Van Zandt, Guy Clark et David Allan Coe, les meneurs de la fronde, Young se définit plus comme un country-rockeur, voire un south rockeur que comme un countryiste, fut-il hors-la-loi. Son cœur balance plus pour la côte ouest que pour Nashville.

De son brillant passé, le morceau Seven Bridges Road est le fleuron de son répertoire, couvert par de nombreux artistes, dont Eagles sur son live de 1980. Cette chanson, présente sur l’album précédent Rock Salt And Nails (1969), donne son nom au deuxième LP de Steve Young, chanteur, compositeur et interprète géorgien, passé par le Greenwich Village new yorkais, l’Alabama et la Californie  avant de s’installer au Texas où sa musique a l’adhésion d’un public plus réceptif qu’ailleurs. D’où la difficulté à le catégoriser vraiment.

Influencé par le folk, la country, le gospel, le blues et le flamenco, par Hank Williams, Elvis Presley, Carl Perkins et Carlos Montoya, Steve Young suit sa propre voie musicale sans se cloisonner dans un genre particulier, mais surtout en combinant ses racines folkloriques sudistes, les infortunes de son existence (amour, alcool et drogue) et les nouvelles tendances de la musique US.

Steve Young a alimenté les parcours de stars de l’Outlaw comme Waylon Jennings (Lonesome Orn’ry & Mean), c’est pourquoi il est souvent assimilé à cette scène, ou de célébrités comme Joan Baez (Seven Bridges Road).  Jamais, piètre auto-promoteur qu’il était, ni intéressé par une carrière, Young  n’est allé plus loin pour son propre compte, préférant  se faire discret, et, pour son public, garder contrôle et cohérence dans la pratique de son art.

Malgré ça, une quinzaine d’albums lui est affectée. Et pas des albums de branquignols, l’artiste est outrageusement doué, très perfectionniste, guitariste très accompli et porteur de trop de bonnes idées pour se fourvoyer dans de la petite bricole. Tous ses travaux de la décennie 70 portent le sceau de l’excellence. Pas un pet de travers entre Rock Salt And Nails (1969) et No Place To Fall (1978) ce qui revient à accorder énormément de crédit à toute cette période de Young. Seven Bridges Road se situe sur ce créneau prestigieux.

L’album Seven Bridges Road (1972) se fait pour Reprise Records, après avoir quitté A & M. Deux ans après Rock Salt And Nails, ce changement de label sonne pour Young comme un nouveau départ. Pas question pour lui de changer de crémerie et de laisser sa chanson-phare être exploitée par d’autres, une nouvelle version est enregistrée histoire de couper l’herbe sous le pied d’éventuels malintentionnés. La confusion s’installe alors.

Deux autres titres notoires de son répertoire figurent sur ce merveilleux disque de country, certainement son meilleur : Montgomery In The Rain repris par Hank Williams et Lonesome On’ry And Mean que Waylon Jennings a popularisé. Mais c’est bien l’ensemble des performances qu’il s’agit de louer ici, cet album varié bénéficiant d’une écriture plus puissante et inspirée que jamais de son jeune auteur (et de son ex-femme Cheryl Young  sur My Oklahoma) ainsi que du soutien efficace de musiciens, des cadors de Nashville.

Mon analyse porte sur la version d’origine (Young dans un paysage enneigé portant un enfant sur le dos) car il faut savoir que, pour échapper aux mandataires judiciaires qui, pour le compte des anciens labels exploitent éhontément le catalogue de l’artiste, Young a réenregistré trois variantes supplémentaires de Seven Bridges Road dont celle que l’on appelle l’album vert, plus complète et excellente (Reprise 1971/72), Blue Canyon (1975) et Rounder (1981). Vigilance donc, même si toutes ces versions, quoi que différentes dans leur agencement, sont toutes recommandables. Mais, si vous voulez faire le grand saut pour le géorgien, alors c’est l’original ou son suivant chez Reprise. C’est culte que voulez-vous ! Ah, oui, j’allais oublier… c’est produit par David Briggs qui passe d’un Young à l’autre. Ca vous parle David Briggs ? Neil Young et le Crazy Horse. Ca sent plutôt bon, non ? (RAZOR)

 

1. Seven Bridges Road.

2. My Oklahoma.

3. The White Trash Song.

4. I Can't Hold Myself In Line.

5. I Begin to See Design.

6. Long Way To Hollywood.

7. Many Rivers.

8. Lonesome, On'ry And Mean.

9. Come Sit By My Side.

10. True Note.

11. Ragtime Blue Guitar.

12. Montgomery In The Rain.

 

Steve Young:guitare,chant.

Pete Drake,Weldon Myrick:steel guitare.

Josh Graves:dobro.

Buddy Spicher:violon.

Charlie McCoy:harmonica.

David Briggs,Jerry Smith:claviers.

Fred Carter Jr,Henry Strzelecki:basse.

D.J. Fontana,William Ackerman,Jerry Carrigan:batterie.

Bobby Thompson,Ray Edenton,Bob Moore,Dale Sellers,Pete Wade:guitare.

Paul Tannen,Ginger Holladay,Maria Holladay:choeurs.

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Le Fillmore des rednecks.

Publié le par RAZOR

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Genre:country outlaw,live.

 

JERRY JEFF WALKER

VIVA TERLINGUA ! - 1973

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (DESPERADOS WAITING FOR A TRAIN)

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C’est par une belle et chaude nuit de l’été 1973, le 18 août plus exactement, que la scène du Dance Hall de Luckenbach la texane a signé un long bail avec la country music. Une soirée menée de main de maître par Jerry Jeff Walker soutenu par le Lost Gonzo Band et au cours de laquelle est enregistré le live Viva Terlingua !, devenu un incontournable album de country outlaw. Depuis, la cite du Gillespie County a été immortalisée par Waylon Jennings et Willie Nelson, via la chanson Luckenbach Texas (Back To The Basics Of  Love). Aujourd’hui encore, Luckenbach organise régulièrement des concerts country où la Shiner Back, bière locale, coule à flot.

La première chose qui frappe à l’écoute de ce disque, c’est sa qualité sonore exceptionnelle. L’histoire de cet opus dit que l’équipe d’organisation du concert à la demande des techniciens du cercle de l’artiste ont fait installer des balles de paille le long des murs d’enceinte de la salle pour justement influer sur ce son. Pari réussi, les techniques de studio achevant d’enjoliver les bandes.

Ce qui surprend moins, à l’écoute de Viva Terlingua, c’est sa matière magnifique, tissée autour de ce qui représente l’excellence de ce genre anticonformiste et marginal, collectée dans le répertoire des texans Guy Clark (la ballade Desperados Waiting For A Train), Michael Martin Murphey (Backslider’s Wine), de Gary P. Nunn (un London Homesick Blues vénéré au Texas et étiré au-delà des 7 minutes) et Ray Wylie Hubbard (le tapageur Up Against The Wall  Redneck Mother), et que complète, pour plus de la moitié des titres (Gettin’ By, le caribéen Sangria Wine, le mid-tempo façon Eagles du nom de  Little Bird, Get It Out aux refrain soul  et le zarbi Wheel), le songwriting de qualité du new yorkais Walker. L’assortiment est gagnant.

Il y a enfin la prestation  en elle-même, qui, bien qu’enregistré face à un public,  ne traduit pas vraiment la sensation habituelle du live, s’apparentant plus à une prestation studio, mais si maîtrisée, si convaincante, si festive, turbulente, décontractée, inspirée et polyvalente qu’elle en est un modèle de country prog se plaçant  dans le sillage immédiat de ce que le gratin du phénomène dit « hors-la-loi » d’alors est en mesure de proposer. Le Lost Gonzo Band n’est pas étranger à la belle impression qui se dégage de son soutien à Jerry Jeff Walker, notamment au niveau des claviers, du violon et des choeurs.

Viva Terlingua ! est un très grand LP de Jerry Jeff Walker qui capture bien l’esprit  de la scène country progressiste d’Austin, celle qui toise Nashville et chahute la norme en vigueur. Avec le temps, ce disque est définitivement immortalisé en un classique de l’Outlaw. Le new yorkais, en première ligne d’une troupe de jeunes renégats en herbe, est au sommet de son art, on ne lui fera donc pas l’affront de rater ce séminal rendez-vous de Luckenbach. Si Walker est une figure mythique du genre aujourd’hui, Viva Terlingua y a très largement contribué (RAZOR).

 

1. Gettin' By.

2. Desperados Waiting for a Train.

3. Sangria Wine.

4. Little Bird.

5. Get It Out.

6. Up Against The Wall, Redneck Mother.

7. Backslider's Wine.

8. Wheel.

9. London Homesick Blues.

 

Kelly Dunn:orgue,piano.      

Mary Egan:violon.

Craig Hillis:guitare,guitare électrique.

Robert Livingston:basse,claviers,choeurs.       

Michael McGeary:batterie,percussions.

Gary P. Nunn:claviers,orgue,piano,choeurs.    

Mickey Raipheld:harmonica.

Herb Steiner:steel guitare.    

Joanne Vent:chant,choeurs.

Jerry Jeff Walker:guitare acoustique,chant.

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