Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mémorable Bobfest.

Publié le par RAZOR

Genre:live,hommage,Bob Dylan,various Artists.

 

BOB DYLAN

THE 30TH ANNIVERSARY CONCERT CELEBRATION (1992) - 2014 (5/5)

Mémorable Bobfest.

En passant devant le mythique Madison Square Garden new yorkais il y a un an, j’ai repensé à tous ces artistes internationaux qui s’y sont produits dans les années 60/70. Certains passages ont donné lieu à des concerts d’anthologie et à des enregistrements légendaires. Pour mémoire, Hendrix, en 69, y joue avec son nouveau groupe, le Band Of Gypsy ; les Stones y ont enregistré une partie de leur LP Get Yer Ya-Ya’s et les Doors y ont réalisé leur meilleure prestation scénique la même année. Deux ans plus tard, le Madison Square Garden abrite le Concert For Bangladesh de George Harrison, tandis que le Led Zep fait coup double avec un disque et un film dans les lieux (The Song Remains The Same, du 27 au 29 juillet 73). No Nukes, concert de 4 jours (en 79), organisé par Jackson Browne, Bonnie Raitt, Graham Nash, Tom Petty, Bruce Springsteen, c’est aussi au Madison, par ailleurs fidèle théâtre des grandes joutes sportives en salle.

Fin janvier, Dylan et le Band font passer leur Tour 74 par la salle de Manhattan. Il faut croire que le Zim s’y est plu puisqu’il revient en 1992 (le 16 octobre) pour célébrer le trentième anniversaire de sa carrière. Il y invite à ses côtés une flopée de potes et artistes, à charge pour eux d’interpréter son répertoire. C’est la raison d’être de The 30th Anniversary Concert Celebration, double LP live depuis remasterisé et formaté en DVD et blueray.

Durant ce spectacle de quatre heures s’est produite une impressionnante pléiade de stars du rock (Neil Young, John Cougar Mellencamp, Eric Clapton, Tom Petty, George Harrison, Stevie Wonder, Lou Reed, le couple Cash, Johnny Winter, le band, Roger McGuinn, Willie Nelson, Kris Kristofferson, Ron Wood, Ritchie Havens…), des acteurs moins connus (les Clancy Brothers, Eddie Vedder), sauf des spécialistes ou des vedettes féminines comme Tracy Chapman ou Sinead O’Connor. Tous se réclament plus ou moins de l’influence dylanienne ; bon nombre d’entre eux, quels que soient leurs horizons ou les générations, ont puisé dans le catalogue du Zim, matière à sortir des rangs ou à exprimer leur talent.

Ce Bobfest mémorable célèbre l’œuvre du barde et rien que son œuvre. 18000 privilégiés ont contribué à l’ambiance de ce disque exceptionnel pour lequel Dylan a sélectionné un backing band articulé autour de Booker T & The M G.

Columbia Records est à l’initiative de ce qui fut le concert de l’année 92 ; il fut retransmis de par le monde. Cette offre à laquelle il faut également associer Legacy Records, constitue un événement unique et extraordinaire de l’histoire du rock. Comment dès lors ne pas en être ? Comment bouder ce défilé étoilé venu rendre hommage au légendaire barde dont le répertoire, surtout celui des trois décennies qui précèdent, est emblématique ?

Point d’orgue de cette fantastique célébration, My Back Pages voit Dylan rejoindre Tom Petty, Eric Clapton, George Harrison, Neil Young, Roger McGuinn. Rien que le bœuf qui en découle est anthologique. Je vous dis ça, je vous dis rien, c’est vous qui voyez, mais dépenser quelques euros justifiés dans l’œuvre, même revisitée par d’autres, d’un mec qui a changé la face du monde, ça aurait de la gueule, croyez m’en (RAZOR)

 

Disque 1

1. Like a Rolling Stone (John Cougar Mellencamp).

2. Leopard-Skin Pill-Box Hat (John Cougar Mellencamp).

3. Introduction by Kris Kristofferson.

4. Blowin' in the Wind (Stevie Wonder).

5. Foot of Pride (Lou Reed).

6. Masters of War (Eddie Vedder et Mike McCready).

7. The Times They Are a-Changin' (Tracy Chapman).

8. It Ain't Me Babe (June Carter Cash et Johnny Cash).

9. What Was It You Wanted? (Willie Nelson).

10. I'll Be Your Baby Tonight (Kris Kristofferson).

11. Highway 61 Revisited (Johnny Winter).

12. Seven Days (Ronnie Wood).

13. Just Like a Woman (Richie Havens).

14. When the Ship Comes In (The Clancy Brothers/Robbie O'Connell, avec Tommy Makem en guest).

15. You Ain't Going Nowhere (Mary Chapin Carpenter, Rosanne Cash et Shawn Colvin).

 

Disque 2

1. Just Like Tom Thumb's Blues (Neil Young).

2. All Along the Watchtower (Neil Young).

3. I Shall Be Released (Chrissie Hynde).

4. Don't Think Twice, It's All Right (Eric Clapton).

5. Emotionally Yours (O'Jays).

6. When I Paint My Masterpiece (The Band).

7. Absolutely Sweet Marie (George Harrison).

8. License to Kill (Tom Petty & the Heartbreakers).

9. Rainy Day Women #12 & 35 (Tom Petty & the Heartbreakers).

10. Mr. Tambourine Man (Roger McGuinn/Tom Petty & the Heartbreakers) .

11. It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding) (Bob Dylan).

12. My Back Pages (Bob Dylan, Roger McGuinn, Tom Petty, Neil Young, Eric Clapton, George Harrison).

13. Knockin' on Heaven's Door (ensemble).

14. Girl from the North Country (Bob Dylan).

 

LIEN POUR ECOUTER UN EXTRAIT (MY BACK PAGES)

Voir les commentaires

Applaudissons des deux mains...

Publié le par RAZOR

Genre:folk-rock,west-coast.

 

ISRAEL NASH GRIPKA

RAIN PLANS - 2013 (5/5)

Applaudissons des deux mains...

Depuis l’écoute de son premier LP, l’excellent New York Town (2009) qui évoque beaucoup le Bruce Springsteen du début de carrière, je me suis pris d’une vraie passion pour Israel Nash Gripka, natif du Missouri. Son second jet, le triomphal Barn Doors And Concrete Floors (2011) n’ayant fait que confirmer l’obligation de ne pas relâcher mon attention sur cet artiste, arrive le numéro trois de la jeune discographie de ce songwriter élogieusement considéré et favorablement  éprouvé par le milieu.

A l’instar de ses devanciers, le troisième volume solo d’Israel suscite d’amicales, de respectueuses et répétées tapes dans le dos de son auteur, valide les sympathiques manifestations d’admiration qui circulent sur son œuvre depuis sa genèse. Cette petite perle trempée dans la tradition rurale ricaine et qui nous est tombée dans les bacs au quatrième trimestre de 2013 va même encore plus loin : elle a la beauté des plus beaux spécimens de l’Americana.

Hymne à une nature suggéré par sa nouvelle vie dans les grands espaces texans, un environnement doublement campagnard et montagnard qu’Israel a progressivement apprivoisé, Rain Plans (2013) marque une avancée supplémentaire et capitale  dans le parcours d’ING. Cet album doit être pour lui la passerelle favorisant définitivement son éclosion auprès d’un panel plus étiré d’auditeurs.

Là où l’affaire séduit plus particulièrement le fan de west-coast que je suis, c’est son esprit. Rain Plans ramène au Buffalo, au Loner et à son Cheval Fou, à Crosby Stills Nash & Young. Avec Jonathan Wilson qui, la même année et dan l’album Fanfare, ressuscite Laurel Canyon, je suis radieux d’observer que la légendaire et incontournable scène angeline de 60/70  inspire toujours. Il est plutôt réjouissant que ces p’tits jeunes redonnent vie à ce formidable et mythique creuset de la musique américaine.

Rain Plans, publié pour le compte de Loose Music, est un des disques majeurs de la production discographique amerloque de ces derniers mois ; il nous replonge dans les premiers pas du folk rock d’antan. Belles mélodies, écriture intense, parfois noircie et désespérée, batterie lourde mais basse souple, harmonies vocales aériennes, humeur laid back, jeu de gratte à la Neil Young, belle voix fluette et fragile, un peu noyée dans le mixage cependant, ambiance éthérée, envoutante et country sans l’être vraiment, brassage d’acoustique et d’électrique, slide d’une belle douceur… le plaisir est au bout de l’écoute.

Il y a de la grandeur dans cette œuvre, qui traduit magnifiquement les grands espaces qui s’étirent sous les yeux du résident de la périphérie d’Austin. J’ai pris personnellement un méga panard à souscrire à ce disque subtile, sophistiqué, à la saveur hippie et très tranquille mené par un groupe d’excellents et sobres musiciens qui se contentent de bien assurer leur partition. Les McClellan, Joey, guitariste et Aaron, bassiste, John Fleishman, batteur, et Eric Swanson, pedal steel guitare, encadrent Israel Nash Gripka (banjo,guitare,harmonica) . En live, je pense que ça doit bien donner…

Rain Plans est audacieux et compétent ; la prise de risque de son auteur est concluante après deux albums précédents différents. Sa nouvelle orientation a toutes mes faveurs de Woman At The Well à Rexanimarum. N’attendez donc pas de moi que je me mouille pour faire remonter un titre plus qu’un autre. Cet univers est le mien. J’applaudis donc des deux mains l’initiative d’ING et j’attends impatiemment une suite à cet opus extraordinaire. Et je pèse mes mots (RAZOR).

 

01 Woman At the Well

02 Through the Door

03 Just Like Water

04 Who in Time

05 Myer Canyon

06 Rain Plans

07 Iron of the Mountain

08 Mansions

09 Rexanimarum

 

Brendon Anthony:banjo,violon,guitare,mandolin,chant.    

Jason Crosby:orgue Hammond B3,piano,Wurlitzer.

Israel Nash Gripka:banjo,guitare,harmonica,chant.

Joey McClellan:basse,Echoplex,guitare,guitare électrique,slide guitare,chant.

Aaron McClelland:basse,chant.     

Mr. Cuddles:choeurs.

Rich Hinman:pedal steel.

Steve Shelley:batterie,percussions.

Eric Swanson:banjo,basse,mandoline,chant.

 

LIEN POUR ECOUTER ISRAEL NASH GRIPKA - RAIN PLANS - 2013

Voir les commentaires

Affaire à suivre.

Publié le par RAZOR

Genre:blues-rock.

 

THE RIDES

CAN'T GET ENOUGH - 2013 (4/5)

Affaire à suivre.

Attendons un peu pour voir si on peut affubler ce trio du statut de super groupe. Il ne suffit pas d’être 3, d’appartenir pour deux d’entre eux et depuis presque 50 ans au gratin du rock (Stephen Stills et Barry Goldberg) pour user d’une panoplie de qualificatifs réservés traditionnellement à une élite : Cream, Jimi Hendrix Experience, Blind Faith et Z.Z Top, les plus populaires ; à un degré moindre, Beck Bogert Appice, West Bruce Laing, des projets qui ont flirté avec le haut niveau du power trio.

Stephen Stills sait de quoi il retourne en matière de tierces musicales, étant lui-même un pilier de Crosby Stills & Nash. L’heure de gloire du claviériste Goldberg, l’autre vétéran des Rides, a notamment consisté à former l’Electric Flag avec Mike Bloomfield (1967) et à graviter dans l’environnement de Dylan, bien qu’il ait réalisé une belle carrière d’auteur-compositeur ce qui lui a valu d’être repris par de nombreux artistes, parmi lesquels Joe Cocker, Rod Stewart, Gram Parsons ou Steve Miller.

Le troisième larron, un des meilleurs guitaristes de blues actuels, Kenny Wayne Sheperd, appartient à une plus jeune génération. Il fait irruption dans la profession en 1995. Quand il naît en 1977, Stills, de 32 ans son aîné, affiche au compteur un passé prestigieux avec Buffalo Springfield, peut-être plus prestigieux mais sous-estimé avec Manassas et publie alors son cinquième LP avec Crosby Stills & Nash (CSN), sans compter que sa besace personnelle est déjà bien chargée. Goldberg, le grand pote de Mike Bloomfield avec lequel il pointe sur le mythique Super Session de Bloomfield/Stills/Kooper, est trois ans plus vieux que Stills. Outre l’Electric Flag, il est derrière l’Ivar Avenue Reunion, le Barry Goldberg Blues Band, le Barry Goldberg Reunion ou encore KGB.

Ajoutez derrière ce trio majeur, le batteur Chris Layton, un ancien de la maison Stevie Ray Vaughn, Kevin McCormick, bassiste qui a bossé avec Crosby Stills & Nash, Jackson Browne, Bonnie Raitt, Bruce Hornsby ou encore Nils Lofgren ainsi que le percussionniste Luis Conte (James Taylor, Phil Collins…). Pas le genre de musiciens à venir simplement poser pour la photo…


Blues-rock. Les Rides, dont on doit l’idée à un Stills fortement appuyé par Goldberg, font dans le blues-rock comme le restitue le répertoire de Can’t Get Enough (2013), album inattendu, passé inaperçu aux yeux de beaucoup et pourtant publié depuis 8 mois déjà. Partagé entre une écriture assurée par les membres des Rides (Don’t Want Lies, Can’t get Enough et Only Teardrops Fall) et des reprises plutôt inspirées de cadors du rock et du blues (Muddy Waters, Elmore James, Neil Young, Stills, Stooges), Can’t Get Enough, sorte de live de studio, dévoile que les papys et leur succession ne sont pas là pour faire de la figuration.

L’affaire est sérieuse, impressionne dans son mélange entre anciens et modernes, et mérite d’ores et déjà une reconduction dans le temps ; elle est à suivre avec grand intérêt. La collection spontanée et réussie de blues-rocks lourds et classiques ici portée et réalisée en une petite semaine, plaide incontestablement en faveur d’un bis repetita, voie dans laquelle les acteurs, visiblement satisfaits de leur prestation et il y a de quoi, semblent signer des deux mains et plutôt deux fois qu’une.

Ces Rides, dans leur première version discographique, prennent les traits d’un vrai projet à long terme. On s’éloigne donc de l’idée du groupe sans lendemain ou de la réunion ponctuelle de stars du rock. Dans les cartons s’annonce un deuxième jet dont l’écriture est entamée ; on entrevoit à l’horizon de ce N°2 des titres originaux en cours de prépa. Par ailleurs, une tournée de promotion de Can’t Get Enough a depuis été engagée.

Stills et Goldberg d’un côté, et Shepherd, de l’autre, montrent une belle complémentarité et allient la maîtrise instrumentale insolente et arrogante des seniors à l’énergie de la jeunesse. Les anciens font fi de leur forte personnalité et le petit, posé et réservé que Stills invite à se dépasser, se fond trop gentiment dans un moule collectif qui permet de tirer le meilleur parti d’un répertoire qui avait tout de la chausse-trappe. Puisse-t-il dans les desseins annoncés des Rides en lâcher plus encore et tout déchirer…

Dans l’attente de réécouter ce groupe (pas encore super groupe) que je vais désormais surveiller comme le lait sur le feu et dont je me fais fort d’épier les moindres faits et gestes à l’avenir, je me réjouis de retrouver Stills à un si haut niveau. Ses fans ont tellement et si longtemps attendu. Pour l’heure, permettez-moi de lancer une ola pour son retour sur le devant de la scène, pour cette unité aboutie et ce disque très très accrocheur (RAZOR).

 

1. Roadhouse

2. That's a Pretty Good Love

3. Don't Want Lies

4. Search and Destroy

5. Can't Get Enough

6. Honey Bee

7. Rockin' in the Free World

8. Talk to Me Baby

9. Only Teardrops Fall

10. Word Game

 

Luis Conte:percussions.     

Barry Goldberg:claviers.   

Chris Layton:batterie.

Kevin McCormick:basse.

Alethea Mills,Chavonne Stewart:choeurs.

Kenny Wayne Shepherd:guitare,chant.      

Stephen Stills:guitare,chant.  

 

LIEN POUR ECOUTER L'ALBUM  

Voir les commentaires

Hors du temps, hors des modes.

Publié le par RAZOR

Genre:folk.

 

JEAN-LOUIS MURAT

TOBOGGAN - 2013 (5/5)

 

Hors du temps, hors des modes.

J’admire ce mec qui fait son métier de la plus belle des manières. Quand on sait la difficulté d’écrire, on ne peut que se confondre en admiration pour la facilité et le naturel avec lesquels Jean-Louis Murat fait chanter sa plume. Dans un hexagone musical ennuyeux, qui part en sucette pour balancer outrageusement  en faveur d’airs dégénérés, de modèles de vulgarité venus généralement d’Outre-Atlantique, il est rassurant de constater que des troubadours intellos et apaisés comme Jean-louis Murat ou des baroudeurs survivants comme Bernard Lavilliers occupent avec réussite une scène artistique d’expression française qui faillit gravement, ne dit plus rien, numérise à tout berzingue, prise en otage par une société qui fait de la nullité, de l’ersatz, du copié-collé, de l’à peu-près et de l’échec sa norme pour vendre et du fric son quotidien.

Les anciens d’hier sont malheureusement les seuls héros d’aujourd’hui encore à même de fédérer autour d’un cocorico digne d’intérêt, les seuls aussi à réveiller en nous le plaisir d’une réunion autour du feu de camp, avec pour seul argument pour convaincre la bonne vieille guitare sèche. On vit un drame, ma p’tite dame, quand on accorde trop de place à une France en extase de trouer son slip quand elle pète, et quand ceux appelés à relayer notre patrimoine culturel font une faute par syllabe. Si vous saviez où l’on va, ma p’tite dame …

Murat l’Auvergnat, Murat le bougnat, dont la terre natale vulcanale vallonnée est toujours si proche de ses chansons, a l’amour de sa France, de sa langue, de ses mots. L’Auvergne, c’est son Texas à lui. Il aurait pu faire l’artiste chez l’Oncle Sam, en Indiana, en Arizona ou dans le Montana, des espaces qui ont nourri son imaginaire,  mais il a un tel lien avec son pays que cela ne lui a jamais effleuré l’idée. Pourtant dans l’esprit…

Il aurait pu s’installer à Paris la capitale, l’ordonnatrice, celle qui décide de tout parce que c’est elle qui crache au bassinet, offrant la seule contrepartie d’assurer le casse-croûte, mais Paris est très éloignée de la périphérie de Clermont-Ferrand en termes d’art de bien vivre. Bien plus qu’en kilomètres. Toujours cette relation avec la nature …

Même s’il n’est pas gros vendeur, Murat demeure une des dernières voix gauloises, pierreuse et cristalline, délicate, au timbre si particulier spontanément identifiable. Son chant strie l’air de mots et de notes qui n’appartiennent qu’à lui. Depuis presqu’une vingtaine d’albums studio, Murat nous ensorcelle et nous invite,  dans son sillage, à arpenter les monts érodés de son Massif Central, histoire de régénérer et le corps et l’âme.     

Toboggan, son dernier effort solo de 2013, l’amène à arroser pour une énième fois les disquaires d’humeur pastorale. Il tient de l’Auvergne bucolique, les aboiements, les hurlements, les beuglements, les craquements, le souffle et les symphonies de sa nature environnante, celle qui bruisse silencieusement et sereinement sous ses fenêtres ouvertes aux quatre vents. Cette atmosphère à lui familière se glisse entre ses mots et ses notes. Son univers du moment se veut moins rock que dernièrement, plus acoustique.

Foin de gratte électrique, ni de basse ou batterie (sauf Over And Over), Murat la joue à domicile, à l’économie et en quasi reclus dans sa maison studio, en solitaire, avec pour unique boussole une écriture souvent décalée, habillée de contes à symboles (Agnus Dei Babe, Robinson), de berceuses enfantines (Le Chat Noir, Belle, Amour n’est pas querelle) et génératrice d’infiniment d’émotions.

De l’étincelant et ouaté Il Neige au pouls contenu, au final J’ai tué parce que je m’ennuyais, la collection en 10 titres de Toboggan offre un superbe voyage supplémentaire en laid back au pays d’un Murat, fine lame de la langue de Molière et musicien avisé. Le mieux est de se laisser bercer par la très agréable compagnie de Murat, en marge mais tellement essentiel, incapable de rentrer dans le moule par la faute de Bergeaud, et par sa délicieuse, apaisée et nonchalante dérive folk, ainsi que par la beauté des mots de son intimité et des images qu’ils suscitent (RAZOR).

 

1. Il neige

2. Amour n’est pas querelle

3. Over and over

4. Le chat noir

5. Belle

6. Robinson

7. Agnus dei Babe

8. Extraordinaire Voodoo

9. Voodoo simple

10. J’ai tué parce que je m’ennuyais

 

Jean-Louis Murat :guitare,chant,instruments.

 

LIEN POUR ECOUTER UN EXTRAIT (LE CHAT NOIR)

Voir les commentaires

Fille à papa.

Publié le par RAZOR

Genre:country.

 

ROSANNE CASH

THE RIVER & THE THREAD - 2014 (5/5)

Fille à papa.

Rosanne, j’ai l’honneur de partager avec toi le fait d’être né la même année que toi, qui plus est le même mois. Seul le jour diffère. Si je me réfère à un cycle reproducteur basique, Johnny Cash, ton papa star a eu un rapprochement polisson avec ta mère un peu plus tôt que le mien, Robert avec maman. Cela porte sur un rien, 6 jours, mais ce détail ne m’a pas échappé.

Je connais bien ton père, chanteur, guitariste et songwriter d’american country. Moins ta maman Vivian. Récemment, je parlais encore de ton ex, Rodney Crowell. J’aime bien Rodney et j’aimais beaucoup ton majestueux géniteur dont tu es la fille ainée, il me semble.

Alors comme ça, tu fais aussi dans la zizique. Comme papa, tu as chopé le virus de la country. T’as dû être bercée trop près des murs des studios de Nashville. En tous cas, chapeau Rosanne, tu es bien la digne héritière de ton légendaire père. Je vais être franc avec toi, je n’ai pas beaucoup suivi ta carrière depuis 3 décennies que tu pratiques, mais là, pour le coup, je suis tombé sur ton dernier jet, The River & The Thread (2014). Très bien, ton travail.

Les chansons sont toutes de toi, il paraît ? Des nouveautés qui plus est. Ca sonne achement bien. Pour les guest, t’as pioché dans le carnet d’adresses de papa, j’me trompe pas ? John Prine, Derek Trucks, Tony Joe White, Kris Kristofferson, c’est pas d’la première jeunesse, mais ça a pignon sur rue, non ? Même Rodney est venu. Je l’aime bien Rodney, mais il me semble te l’avoir déjà dit. Je radote que veux-tu. Ce doit être l’avancée dans l’âge. Elle m’affecte plus que toi au regard des photos récentes que j’ai pu voir de toi. Le temps n’a pas d’emprise sur toi.

Donc, ça fait quatre ans que tu n’avais rien publié. Depuis 2010 et The List, m’a-t-on soufflé. C’est ton mari qui produit, paraît-il. John Leventhal, c’est ça ? Il te file la main à l’écriture aussi selon mes sources.

Ton album sent bon le sud. C’est là que tu es née et que tu as grandi ? Tes racines quoi, ta culture… country, rock, pop, blues, jazz et gospel. C’est loin de Manhattan, tout ça. C’est là que tu vis depuis un moment, pas vrai ?

Par contre, je tenais à te dire combien je suis séduit par la modernité, la fluidité et l’ambiance atmosphérique qui émanent de ton répertoire et de ta musique. On dirait un carnet de voyages ton truc. Et puis, ta voix… elle est jolie ta voix, nuancée comme papa. Les chiens ne font pas des chats…

J’ai un faible, je te l’avoue, pour Money Road. C’est puissant cette affaire, mais 50.000 watts ou When The Master Calls The Roll, ça tient bigrement bien la route aussi. Ton River & The Thread est de toute beauté, Rosanne. Je tenais à te le témoigner et à colporter le plaisir que j’ai eu à l’écouter. Chez les Cash, Rosanne, tu as su te faire un prénom. Chapeau et good luck (RAZOR).

 

1. A Feather’s Not A Bird.
2. The Sunken Lands.
3. Etta’s Tune.
4. Modern Blue.
5. Tell Heaven.
6. The Long Way Home.
7. World Of Strange Design.
8. Night School.
9. 50,000 Watts.
10. When The Master Calls The Roll.
11. Money Road.

 

John Leventhal:guitare,basse,percussion,mandolin,orgue,sitar.

Shawn Pelton,Dan Rieser:batterie.

David Mansfield:violon.

Amy Helm,Catherine Russell,Curtis King,Tabitha Fair,Tawatha Agee,John James,Rick DePofi,Jake Leventhal:choeurs.

John Paul White,Cory Chisel,Allison Moorer:harmonies vocales.

Tim Luntzel:basse.

Derek Trucks:slide guitare.

Dave Eggar:cello.

Jon Cowherd:piano.

Larry Farrell:trombone.

Gabe Witcher:fiddle.

The Master’s Choir (Rodney Crowell,Amy Helm,Kris Kristofferson,John Prine,Tony Joe White):choeurs.

 

LIEN POUR ECOUTER UN EXTRAIT

Voir les commentaires

C'est pas d'refus, ma p'tite dame...

Publié le par RAZOR

Genre:pop-rock,folk,blues.

 

TOM RUSH

THE CIRCLE GAME - 1968 (5/5)

C'est pas d'refus, ma p'tite dame...

Tom Rush appartient à ce que l’on appelle la vieille garde du folk : celle revival des années 60. Il a donc partagé la gamelle avec les Dylan, Collins, Andersen… Actif depuis plus de 50 ans dans le business de la musique, le chef de file Tom Rush est un peu le grand frère d’une génération qu’il a vu débuter, les Joni Mitchell, Jackson Browne et autres James Taylor, sur lesquels il a eu une indéniable influence et qu’il a soutenu de la meilleure des façons en reprenant à son compte les compositions de ces artistes en herbe pour les promouvoir dans les divers clubs où il se produisait. Quelque part, il a favorisé leur éclosion.

Parallèlement, comme il fait montre de belles dispositions pour le songwriting au point de compter rapidement parmi la crème du genre, il délaisse les reprises, s’éloigne progressivement de ces jeunes auteurs-compositeurs en vogue pour chanter un répertoire écrit par lui-même.

Gratifié d’une belle et apaisante voix de baryton, doté d’un jeu de guitare acoustique agile et d’une écriture portée par l’humour et la gouaille, Tom Rush, partie intégrante de la scène de Cambridge et du séminal Club 47 de Boston avant d’intégrer celle de Greenwich, animé par l’idée que l’art qu’il pratique peut être prétexte à amusement, développe une musique exceptionnelle et à émotion. 

Dans ce registre, il lui faut parvenir au sixième étage de son catalogue pour enfin toucher le graal. De ses jets précédents, il faut surtout retenir l’éponyme de 1965 qui marque les débuts de la belle période pour Elektra ainsi que son suivant,  Take A Little Walk With Me (1966), surprenant disque folk-blues mi-acoustique, mi-électrique.

The Circle Game de 1968, troisième de cette époque, apparaît comme l’un très grands albums de folk/pop-rock existants. Il est le plus connu d’un catalogue jamais placé sous les projecteurs en dépit d’une longue carrière, régulière, conséquente, sans à-coups, d’un parcours de cinq décennies à faire le bien et chichement noté.

Cet album est le symbole même de ce que j’avançais précédemment, à savoir que Tom Rush y reprend certaines des compositions de la classe biberon du moment, Michell, Jackson, Browne, les relisant à sa manière, autrement dit en douceur, et dans un esprit intéressant.

De Mitchell, il s’accapare Tin Angel, Urge For Going et le titre qui donne son nom à l’album, The Circle Game, qui réfère à Sugar Mountain de Neil Young. Pour l’anecdote, Joni Mitchell avait une telle quantité de chansons dans sa besace qu’elle n’a pas jugé bon l’inclure dans son premier LP. James Taylor l’alimente avec Something In The Way She Moves, Sunshine Sunshine et Jackson Browne avec Shadow Dream Song, un des présents temps forts qui semble avoir été écrit par l’ado Browne.

Pour le reste, Billy Hill lui concède sa chanson la plus populaire, The Glory Of Love, que Benny Goodman, Count Basie, Dean Martin ont préalablement popularisée et que Paul McCartney, en 2012, accroche à son répertoire pour les besoins de Kisses On The Bottom (2012). So Long du countryiste Charlie Rich ainsi que deux titres de Tom Rush, Rockport Sunday et notamment l’aigre-doux et résigné No Regrets, sa signature, complètent la tracklist. Ses propres originaux referment l’album, preuve supplémentaire, s’il en est, que Tom Rush ne cherche pas à focaliser sur lui, mais qu’il est un soutien dicret et efficace, sincère et avéré pour la jeunesse folk ambiante.

Rappelons qu’en 1968, date de sortie de The Circle Game, Joni Mitchell et James Taylor sortent seulement leur premier disque, respectivement Song To A Seagull et l’éponyme James Taylor, tandis que Jackson Browne n’a pas encore ouvert son compteur discographique en solo, ce qui se fera en 1972 avec Saturate Before Using. Les interprétations de Tom Rush se placent donc avant que les carrières de ces auteurs-compositeurs de renom  n’explosent. Dire qu’il y a grandement contribué est un euphémisme. Voilà pour le contexte.

A l’heure du bilan, cet élégant et formidable legs de Tom Rush, subtilement orchestré par Paul Harris, s’avère être une œuvre maîtresse pour son auteur, mais également un catalyseur pour la scène folk des auteurs-compositeurs-interprètes de l’époque. La prestation est exceptionnelle, alors si on peut faire sien ce grand disque, c’est pas d’refus ma p’tite dame (RAZOR). 

 

1. Tin Angel.

2. Something in the Way She Moves.

3. Urge for Going.

4. Sunshine, Sunshine.

5. The Glory of Love.

6. Shadow Dream Song.

7. The Circle Game.

8. So Long.

9. Rockport Sunday.

10. No Regrets.

 

Tom Rush:guitare,chant.

Hugh McCracken,Don Thomas:guitare électrique,claviers.

Jonathan Raskin:guitare acoustique,basse.

Bruce Langhorne:guitare acoustique.

Eric Gale:guitare électrique.

Joe Grimm,Joe Mack,Bob Bushnell:basse,saxophone.

Paul Harris:claviers.

Buddy Lucas:saxophone.

Herb Lovelle,Barnard Purdie,Richie Ritz:batterie.

 

LIEN POUR ECOUTER TOM RUSH - THE CIRCLE GAME - 1968

Voir les commentaires

Excellent rock champêtre.

Publié le par RAZOR

Genre:country-rock,country-blues.

 

WAYNE BERRY

HOME AT LAST - 1974 (4/5)

Excellent rock champêtre.

Dans le rock, il y a deux sortes de personnages : ceux qui se sont acoquinés avec le diable en utilisant leur statut de musicien pour s’autoriser tous les écarts et abuser de tous les interdits, et les autres qui, refusant la décadence du milieu et la vie dissolue des tournées, ont préféré choisir la voie divine. Aujourd’hui pasteur ou quelque chose de ce genre, Wayne Berry, semble ne pas s’être trop attardé dans le cercle vicieux de la musique rock, plus attiré par le rock chrétien que par la gloire et la fortune. La religion a, en effet, très tôt collé au quotidien de Wayne qui a grandi avec l’Eglise et le gospel.

Pourtant tout démarre bien pour cet acteur de la scène californienne passé par des groupes de folk et de rock, élevé dans une Nashville qu’il déteste, qui a croisé la route de prestigieux compagnons (Dylan, Kris Kristofferson, Jackson Browne, John Loudermilk, Paul Stockey de Peter Paul & Mary, Clive Davis…) et tenté, sans succès, quelques collaborations assez habiles, celle avec We The People notamment, mouture qui précède le Cowboy de Tommy Talton.

Il tape quand même dans l’œil d’A & M Records pour être un excellent chanteur, doublé d’un auteur-compositeur plus que valable. Faut dire qu’il sort d’une formation talentueuse, Timber, qui ne laisse pas insensible (2 LP). En fait, on connaît peu de choses sur cet artiste qui réussit quand même, pour un quasi inconnu, la gageure de réunir sur son premier album solo, le dénommé Home At Last (1974), une armée musicale constituée des meilleurs soldats du moment. Cet exploit mérite explication, c’était un cador le mec et on cherche à le camoufler. Si quelqu’un peut me débroussailler l’horizon, ça m’aiderait.

On ne bouge pas la fine fleur du coin, si on n’est pas crédible : Jim Gordon, Jesse Ed Davis, Jeff « Skunk » Baxter, David Paich, Wiiliam Smith, Davis Hood, Roger Hawkins, Pete Carr, Barry Beckett, Harvey Thompson, David Briggs, Jackson Browne, Charlie McCoy, Weldon Myrick, Billy Sandford, Norbert Putnam, Kenneth Buttrey Johnny Gimble… c’est pas rien, merde. Le Muscle Shoals, l’Area Code 615 et le gratin de ce qui flambe alors en studio sur la scène de la côté ouest, faut-il être un peintre pour les déplacer ? On croit rêver.

Au vu de ce qu’il pond sur ce disque (coûteux) de très bon rock champêtre en mode Jackson Browne, on ne rêve pas et on comprend mieux l’intérêt porté par la profession à Wayne Berry. La voix est belle, les compositions tiennent bien leur rang n’étant pas sans rappeler par instants Cowboy. Rien ne déçoit ici d’autant plus qu’avec des guests comme ceux cités rien de dommageable ne peut vraiment arriver. D’ailleurs la critique a bien accueilli ce disque à sa publication, disque plombé par une promotion tronquée qui n’a pas permis d’assurer le service après-vente comme il se doit.

Des 10 titres figurant ici, Wayne Berry en a assuré la quasi-totalité, en termes d’écriture. L’ensemble du répertoire est agréable sur toute la ligne avec toutefois quelques pics plus accrocheurs comme All I Need, le mid-tempo Another’s Lifetime, Indian Woman From Wichita, Snowbound, Welcome Home, autrement dit toute la face A, Black Magic Gun et Gene’s Tune de l’autre côté. Comme beaucoup d’entre vous, je découvre et j’avoue que Home At Last est plutôt sympa (RAZOR).

 

Face 1.

1. All I Need.

2. Another's Lifetime.

3. Indian Woman From Wichita.

4. Snowbound.

5. Welcome Home.

 

Face 2.

1. Dixie's Pride.

2. Black Magic Gun.

3. Ballad Of Jonah.

4. Gene's Tune (Blonde Guitar).

5. Lovers' Moon.

 

Wayne Berry:guitare,chant.

James Rolleston:basse,choeurs.

Bobbye Hall:congas.

Jim Gordon:batterie.

Jesse Ed Davis:guitare.

Jeff Baxter:guitare.

William Smith:orgue.

David Paich:piano.

Ginger Holladay:choeurs.

Mary Holladay:choeurs.

Ned Doheny:choeurs.

David Hood:basse.

Roger Hawkins:batterie.

Ben Cauley:cor.

Jimmy Johnson:guitare.

Pete Carr:guitare.

Reggie Young:guitare.

Barry Beckett:piano,orgue.

Ronnie Eades:saxophone baryton.

Harvey Thompson:saxophone ténor.

Charles Lloyd Rose:trombone.

Harrison Calloway:trompette.

David Briggs:claviers.

Jackson Browne:choeurs.

Weldon Myrick:guitare.

Jeanie Green:choeurs.

Billy Sandford:guitare.

Norbert Putnam:basse.

Kenneth Buttrey:batterie.

Johnny Gimble:violon.

Charlie McCoy:harmonica.

Mantup Trebron:piano.

Shane Keister:synthétiseur.

 

LIEN VERS BALLAD OF JONAH (WAYNE BERRY/HOME AT LAST - 1974)

Voir les commentaires

Comme si sa vie en dépendait.

Publié le par RAZOR

Genre:folk,country alternative,Americana.

 

JOHN PRINE

SWEET REVENGE - 1973 (5/5)

Comme si sa vie en dépendait.

John Prine avait l’imagination fertile. Il fourmillait de tant de bonnes idées et de scénarii prompts à alimenter matière à s’exprimer qu’il aurait pu écrire des bouquins, signer des chroniques ou je ne sais quoi encore. Il a choisi la musique comme vecteur pour libérer l’effervescence qui couvait en permanence sous sa coiffe. Au stade actuel de sa carrière et au regard d’un C.V. incitant plus à détourner le regard vers le bout de ses godasses qu’à chicaner, qui serait assez gonflé de lui en faire le grief ? Ce conteur-né, passé par le rock, le rockabilly, la folk et la country jusque dans sa version alternative, c’est respect et chapeau. Quand son nom est cité, on met le mouchoir dessus et on se fait petit, petit. Etre repris par Dylan et Baez, pour ne citer qu’eux, indique bien la haute considération que le milieu porte à son écriture. La critique du moment abonde dans ce sens à l’unanimité. De quoi faire taire le camp des opposants…

Son premier LP (John Prine/1971), alors que Prine est à peine débarqué sur la scène folk du début des années 70, confirme le sentiment général. Comme il est exceptionnel, son suivant, Diamonds In The Rough (1972) peine à convaincre d’une récidive et paraît un peu en retrait. Avec le recul et en se coupant de ce contexte, il s’avère juste un peu inégal, mais ça ne va pas plus loin. Il a de la gueule quand même, n’en déplaise aux détracteurs.

Paraît alors, dans la foulée, Sweet Revenge (1973) qui remet les pendules à l’heure et rabat pour le compte le caquet des mêmes ronchons, si tant est que sa régularité à haut niveau ait été mise en cause à un quelconque moment. Dans la cour de récré du rock, c’est ferme ta boîte à camembert, tu l’ouvriras pour le dessert…

Si j’ai écorné l’angle supérieur de la page consacrée à Sweet Revenge, c’est parce que ma vie musicale, dédiée à l’écoute de la production country-rock essentiellement, m’a amené à la consulter souvent et régulièrement depuis sa publication. On ne peut pas faire sans si on apprécie le sujet et l’artiste. Elle  constitue une valeur sûre du catalogue des 70’s de Prine, avec l’éponyme et Bruised Orange (1978) sur lequel il donne l’impression d’être venu en mobylette et sans casque à la séance photo, à moins qu’il n’ait souscrit à un méga brushing. Néanmoins, je vous le recommande, c’est balaize et ce pour la troisième fois de rang dans cette décennie.

La presse a bien accueilli ce LP. Moi aussi, car il se situe dans le moule artistique de ce que j’aime tout particulièrement chez les grands songwriters Yankees du folk et de la country : leur faculté à mêler humour et peine, autodérision et tendresse, à provoquer, à manier la coolitude dans la simplicité et avec détachement, et la grâce naturelle qu’ils déploient à le faire. Sur fond de country-rock ici. Son répertoire du jour, sous contrôle permanent, est, complètement et sans la moindre ambigüité, porteur des germes ricains.

Poussé sur le devant de la scène par Paul Anka, le chanteur chéri de nos jeunes mamans d’alors, et par Kris Kristoffferson, le countryiste racé, Prine met à profit son engagement par Atlantic Records pour montrer qu’il en a sous le capot.

Témoin cet accrocheur Sweet Revenge, plus mature et plus cohérent, qui avance de solides pions comme le simultanément fun et affligé Christmas In Prison, comme A Good Time, Onomatopeia, The Accident, Mexican Home, A Good Time, Please Don’t Bury Me, Dear Abby, le up-tempo Blue Umbrella, comme le délicieux Grandpa Was A Carpenter.

Même si Prine n’est pas, à proprement parler, de la race des grands chanteurs, il n’en demeure pas moins un excellent interprète du répertoire amerloque ; il y met tellement de cœur et d’âme que l’on pourrait penser que sa vie en dépend. Dès lors, il ne surprendra personne que Prine, un des très grands auteurs-compositeurs de la seconde moitié du siècle dernier soit vu comme un trésor national au pays de l’Oncle Sam

Produit par Arif Mardin, ce tome 3 de sa tierce discographique de référence a été enregistré, pour l’essentiel des 12 titres (9) à Nashville avec des acteurs du crû. C’est assurément son album le plus irrévérencieux (RAZOR).

 

1. Sweet Revenge.

2. Please Don't Bury Me.

3. Christmas In Prison.

4. Dear Abby.

5. Blue Umbrella.

6. Often Is A World I Seldom Use.

7. Onomatopeia.

8. Grandpa Was A Carpenter.

9. The Accident (Things Could Be Worse).

10. Mexican Home.

11. A Good Time.

12. Nine Pound Hammer.

 

John Prine:chant,guitare acoustique.

Reggie Young:guitare électrique,guitare acoustique.

Steve Goodman:guitare électrique,guitare acoustique,harmonies vocales.

David Briggs:piano,orgue.

Mike Leech,Hugh McDonald:basse.

Kenny Malone,Steve Mosley:batterie.

Cissy Houston,Deirdre Tuck,Judy Clay: choeurs.

John Christopher:guitare acoustique.

Dave Prine:dobro,banjo.

Raun McKinnon:harmonies vocales.

Grady Martin:dobro,guitare acoustique.

Jerry Shook:harmonica

Steve Burgh:guitare acoustique,guitare électrique.

Kenny Ascher:piano électrique.

Ralph McDonald,Bill Slater:percussions.

Doyle Grisham:steel guitare.

Bobby Wood:piano.

 

LIEN POUR ECOUTER LE TITRE SWEET REVENGE (1973) - JOHN PRINE

Voir les commentaires

Le chanteur particulier de Dieu.

Publié le par RAZOR

Genre:DVD,country,documentaire.

 

GRAM PARSONS

FALLEN ANGEL - 2006 (5/5)

Le chanteur particulier de Dieu.

Les inconditionnels de Gram Parsons seront forcément de ce documentaire, s’ils n’y sont pas déjà et depuis longtemps. Personnellement, j’ai souscrit à Fallen Angel quelques années après sa parution en 2006. Je viens de le visionner dernièrement pour une énième fois et pour remettre de l’ordre et de la clarté dans les souvenirs qu’il m’en restait, avant que de vous en faire le commentaire.

Les Gramfans connaissant leur Parsons sur le bout des doigts, n’ignorant rien de ses faits et gestes d’alors, n’apprendront pas forcément grand chose de ce docu qui conforte les biographies éditées sur papier ; par contre, Fallen Angel aura un réel intérêt pour les ceusses non initiés aux choses d’un artiste devenu légendaire depuis et dont la pertinence de sa vision musicale deviendra une norme pour beaucoup.

Fallen Angel, première adaptation sur écran, retrace avec fascination la vie, la mort (à quelques jours près il entrait dans le sinistre club des 27) et le parcours artistique de Parsons qui aboutit  à l’émouvante musique cosmique américaine à laquelle il a donné le jour et pour laquelle il est unanimement plébiscité aujourd’hui. Jusqu’alors seules quelques bio écrites, pour certaines approximatives, inexactes ou insistant abusivement et douloureusement (pour la famille) sur les failles supposées ou avérées de Gram faisaient état du sujet Parsons. Mettons-nous à la place de ses proches et comprenons leur ras le bol de relire les mêmes casseroles à chaque recoin de rédaction.

En cela, Gandulf Hennig (aidé par le biographe Sid Griffin) a instauré dans cette relation une saine et vraie confiance, les rassurant sur toute tentative de récupération commerciale de Gram ou d’exploitation outrancière des frasques jusqu’alors excessivement dévoilées dans les presses, sans scrupules ni respect pour l’artiste et les siens ; en retour il a eu l’assentiment d’une famille qui, fait rare, apporte son écot au thème ciblé par le cinéaste allemand. Pour une partie de la parenté, c’est même une première et, même si, pour l’essentiel, la quasi-totalité des faits est corroborée, le fait de l’aborder sous un angle nouveau est un plus incontestable.

Proches (sa femme Gretschen, sa demie sœur Diane, sa belle sœur Becky, sa fille Polly, le cousin John Sively III, sa nièce Avis Parsons III,  fille survivante d’Avis, sœur de Gram), musiciens familiers (Keith Richards, Chris Hillman, Emmylou Harris, James Burton, Bernie Leadon, John Nuese, John Corneal, Sneaky Pete Kleinow, Chris Ethridge), confrères (Peter Buck de REM, Dwight Yoakam, Pamela Des Barres), milieu professionnel (Michael Voss d’A & M Records, le road manager Phil Kaufman), potes d’école, amis de la famille, ancien partenaire des Shilohs (Paul Surratt), d’ISB et du Flying Burrito Brothers et même le costumier qui confectionnait ses Nudies de scène bariolés, ses tenues cloutées et strass, tous interviennent dans le superbe film du cinéaste berlinois pour façonner une sorte de biographie de celui qui avait en tête de vivre à 200 à l’heure et de devenir une rock star : Ingram Cecil Connor, dit Gram Parsons, le fondateur d’un country-rock dans lequel se sont engouffré, à l’époque, les Byrds, Eagles et Rolling Stones, et plus tard des formations comme REM et sans lequel la country alternative n’aurait jamais existé.

Fallin Angel retrace l’itinéraire de ce musicien qui, à son apogée du moment, n’a jamais été populaire et commercial, encore moins soulevé les foules comme les Stones de son ami et frère de sang Keith Richards. Son heure de gloire sera posthume. Les superlatifs se succèdent alors, de son rôle décisif dans l’évolution du mythique Byrds via le séminal Sweetheart Of The Rodeo (1968) qui relie deux mondes musicaux opposés (rock et country), à la country cosmique et alternative associée à son nom pour l’éternité.

C’est d’ailleurs le Capitaine Teague de Pirates Des Caraïbes 4 qui entame l’effeuillage du récit de l’une des existences les plus poignantes et dramatiques du rock, même si l’épisode de ses obsèques est assez cocasse et sa chute plutôt morbide, significatifs du monde d’illuminés dans lequel évoluaient alors  certains esprits complètement déconnectés du moment. Fallait pas laisser traîner les cachetons, l’herbe, les amphés et le Jack Daniels, sans quoi …

L’anecdote relative à l’incroyable scène de vol du cercueil de Gram, dictée par un pacte entre Clarence White et Parsons, orchestrée par son road manager et exécuteur de la promesse, Paul Kaufman, est ici mise à plat par son auteur et les acteurs qui ont accompagné ses derniers instants. Les derniers doutes sont ainsi dissipés sur des faits présentés souvent dans des versions abracadabrantes et déstabilisantes pour une famille qui voulait des funérailles à la hauteur de leur amour pour Gram.

Une grande pudeur se tisse  autour de cette péripétie, même si Phil Kaufman, coupable d’avoir détourné le corps et d’y avoir mis le feu, ne fait pas toujours dans la demie mesure pour l’expliciter. Mais c’est Kaufman, un fort en gueule pour ne pas dire une grande gueule, au regard de sa propension à facilement se vanter dans son autobiographique Road Mangler Deluxe, livre sur son expérience dans l’industrie du disque.

L’approche de Hennig alterne entrevues, courts extraits live, photographies et films personnels, images d’enfance et familiales, lettres, le tout sur fond musical soulignant la grandeur de l’œuvre du concerné. Un lot assez conséquent de documents jusqu’alors inaccessibles et jamais publiés alimente ce Fallen Angel. Autant que faire se peut, progressivement, le documentariste parvient à détourner le spectateur des mauvais plis du Parsons autodestructeur, contribuant ainsi à la réhabilitation d’une image que les prises de drogue ont écornées et dont la presse a, avec insistance et au-delà de ce qui est permis, grossi les traits. Le travail d’Hennig réanime beaucoup d’émotions enfouies. Beaucoup d’intimes de Gram, de par le cœur ou de par la note, n’ont pas fait le deuil de la perte immense de celui vu comme le chanteur particulier de Dieu. Les larmes de Gretschen Parsons Carpenter, sa veuve à 21 ans, sont à elles-seules révélatrices de toute la peine que véhicule encore la mémoire du mari, du frère, du cousin, du pote, du confrère, de l’artiste. Elles sont aussi les nôtres (RAZOR).

Voir les commentaires

Rien que pour Travelin' Shoes...

Publié le par RAZOR

Genre:southern rock,blues-rock.

 

ELVIN BISHOP

LET IT FLOW - 1974 (5/5)

Rien que pour Travelin' Shoes...

On n’est pas bien chez Capricorn Records, hein, Tintin ? Pas de contre-indication pour en remettre une couche ? La maison de Macon est tenue en haut rang pour avoir drainé dans ses studios le gratin du southern rock, alors on ne va pas se gêner pour en rappeler certaines des plus belles heures, non ?.

Tiens, Elvin Bishop, par exemple. Formé au blues, le guitariste californien, passé par la filière Paul Butterfield Blues Band qu’il fréquente pendant 9 ans, avant de s’engager dans une carrière solo chez Epic d’abord, puis chez Capricorn où il pond l’excellent, entre autres, Let It Flow en 1974. Du lourd de catalogue.

On passera volontiers les détails sur l’artiste connu comme le loup blanc dans le milieu, actif depuis le début des années 60, cinq décennies au cul et encore ce n’est pas fini, puisque l’Evêque comme on le surnomme est toujours sur le pont.

Proche de l’Allman Brothers Band avec lequel il partage le Fillmore East en 71, il était écrit que Duane Allman, le rabatteur maison allait l’attirer (1974) dans cette grande communauté familiale qu’était Capricorn où l’esprit était à l’amitié, au partage et à la convivialité.

Let It Flow n’échappe pas au principe mis en place au sein de cette entreprise spéciale, à savoir que tout ce qui raisonne rock sudiste pointe son nez pour l’occasion. Il y a là Johnny Sandlin, celui que l’on peut associer au son du southern rock de cette époque, Charlie Daniels que l’on ne présente plus, Dickey Betts, John Vernazza, slider légendaire, Toy Cadwell du Marshall Tucker Band, Paul Hornsby ex-Hour Glass (Duane Allman), Sly Stone venu en voisin de San Francisco, Vassar Clements dont le violon brille sur tous les grands albums, Randall Bramblett un claviériste de sessions très prisé et j’en passe…

Troisième LP solo de l’Evêque, Let It Flow est une réussite qui contribue indéniablement aux beaux jours de la marque d’une part, mais se place surtout comme le porte-étendard de la carrière du californien avec Juke Joint Jump (75) et Struttin’ My Stuff (75).

Ce disque de bonne humeur a une pêche phénoménale et des moments inoubliables. Il dégage une énergie que l’on ne retrouve plus maintenant. Fishin’, Hey Good Lookin’, Ground Hog, Can’t Go Back, Bourbon Street, Stealin’ Watermelons, I Can’t Hold Myself In Line et le classique Travelin’ Shoes, c’est du grand. Que dis-je ? Du géant, du légendaire. Certainement un des plus grands disques de tous les temps. Un chef d’œuvre à mon sens (RAZOR).

 

1. Sunshine Special"

2. Ground Hog"

3. Honey Babe"

4. Stealin' Watermelons"

5. Travelin' Shoes"

6. Let It Flow"

7. Hey Good Lookin'" (Hank Williams)

8. Fishin'"

9. Can't Go Back"

10. I Can't Hold Myself in Line"

11. Bourbon Street"

 

Elvin Bishop:guitare électrique,guitare acoustique,slide guitare,chant.

Johnny Sandlin:guitare acoustique,électrique,percussions,tambourin.

John Vernazza:guitare acoustique,électrique,slide,choeurs.

Charlie Daniels:violon,guitare acoustique,planche à laver,choeurs.

Philip Aaberg:piano,clavier,clavinet.

Donny Baldwin:batterie,choeurs.

Dickey Betts:guitare électrique.

Toy Caldwell:steel guitare.

Michael Brooks:basse.

Paul Hornsby:orgue,claviers.

Sly Stone:orgue,claviers.

Vassar Clements:cordes.

Stephen Miller:piano.

Randall Bramblett:saxophone.

Dave Brown:saxophone.

Harold Williams:saxophone.

Bill Meeker:batterie.

Jo Baker:percussion,choeurs.

Debbie Cathey:choeurs.

Gideon Daniels:choeurs.

Jerome Joseph:conga.

Annie Sampson:choeurs.

Mickey Thompson:choeurs.

David Walshaw:percussions,tambourin.

 

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (TRAVELIN' SHOES)

Voir les commentaires

1 2 > >>