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Il pouvait faire pleurer les anges.

Publié le par RAZOR

Guy-Stewart---Out-Of-Hand---1975.jpg

Genre:country,honky tonk.

 

GARY STEWART

OUT OF HAND - 1975

POUR ECOUTER L'ALBUM

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CHRONIQUE N°1700.

 

L’année 2003 a été terrible pour la country music. Elle a successivement laissé sur le carreau June Carter (en mai), puis celui qui fut son homme, Johnny Cash (septembre), et enfin le moins médiatique Gary Stewart (décembre). Si, pour le couple  Carter/Cash, c’est la maladie qui eut finalement raison d’eux, en ce qui concerne la mort du roi de la Honky Tonk, elle relève apparemment d’un suicide par arme à feu. Un coup de fusil en pleine tronche. Stewart avait 58 ans. Un mois avant, sa femme disparaissait.

Non, restez. Je n’ai pas dans l’idée de faire dans la rubrique nécrologique mais plutôt de vous convier à découvrir un très grand acteur de la country, le fameux Gary Stewart en question, natif du Kentucky, mais floridien d’adoption, grand faiseur de hits country tant en qualité d’interprète que de compositeur. Malgré cela, l’artiste accuse un sérieux déficit de popularité auprès des rockeux pour lesquels la country est marginalisée et aura, c’est dur à dire, été plus célèbre mort que vivant. Sauf pour le milieu champêtre et l’environnement sudiste.

Out Of Hand (RCA/1975) et ses deux grands hymnes à la picole (Drinkin’ Thing et She’s Actin’ Single) est ce qu’il a fait de mieux. Non content d’être prolixe dans l’écriture et l’interprétation du genre à boire, il a vécu la déchéance de l’alcoolique en s’impliquant plus que de raison dans la bouta nche. Son penchant pour la dope et la chnique étaient connus du milieu.

Out Of Hand s’est positionné au sixième rang du Billboard catégorie Country. Insuffisant pour pouvoir gratter une once de notoriété à une époque où les clivages rock/country étaient très exacerbés.

Maintenant que les barrières sont levées entre ces deux genres qui ne faisaient alors pas bon ménage et que la country s’est refait une santé vis les réseaux de la toile, Gary Stewart refait parler de lui et de son disque fétiche ; c’est aussi celui des fans du Monsieur.

Notez bien que pour moi, dans le cas présent, Monsieur s’écrit avec un grand M. Comme Monument. Comme Monstrueux, Mémorable ou tout simplement comme Magnifique : c’est ce qu’il ressort de l’écoute d’Out Of Hand, un disque de honky tonk qui fait aimer la country.

Pour rappel, le honky tonk est une variante du genre, dérivée du style de bars où il est pratiqué. Hank Williams, Merle Haggard, Joe Ely, Jimmie Rodgers et Tony Joe White en sont de merveilleuses figures. C’est de la musique pour étancher une grande soif en s’accrochant au goulot d’une flopée de Budweiser et finir bourré le nez dans la sciure, pour danser comme un taré. Ca sent sacrément bon le lâcher de bourrins dans la cambrousse. C’est frais, récréatif et ça ne fait pas de mal au pourceau. Des fois même, ça vire en eau de boudin, c’est comme ça. C’est le folklore.

Outre les deux morceaux incitant à lever le coude cités précédemment, Out Of Hand, la chanson-titre, s’affirme être une des meilleures chansons que la country ait engendrée. Les inspirées I See The Want To In Your Eyes, Backslider’s Wine, Sweet Country Red situent bien le haut niveau d’ensemble de la deuxième prestation discographique solo de Stewart. La voix est pure (avec un beau vibrato), lourde d’émotion et pouvait, il se dit, faire pleurer les anges ; le chant est brillant, le son superbe et l’artiste est soutenu par un parterre de musiciens chevronnés et rompus à la country. C’est donc tout bénef.

Au final, Gary Stewart gagne sur tous les fronts : les fans de country sont ravis, les non initiés surpris et séduits, et les critiques convaincus. Stewart n’a pas pour autant vaincu ses démons, mais, une chose est sûre, il a fait de Out Of Hand une pièce maîtresse de toute la country confondue. Malheureusement il était tellement en vrac qu’il n’a pas su en profiter. Dommage car de l’avis général, l’après Out Of Hand a réservé quelques autres bons moments comme Your Place Of Mine en 77 et Gary en 79  (RAZOR).

 

Face 1.

1. Drinkin' Thing.

2. Honky Tonkin.

3. I See the Want To in Your Eyes.

4. This Old Heart Won't Let Go.

5. Draggin' Shackles.

 

Face 2.

1. She's Actin' Single (I'm Drinkin' Doubles).

2. Backslider's Wine.

3. Sweet Country Red.

4. Out of Hand.

5. Williamson County.

 

Gary Stewart:chant,guitare.

Harold Bradley:guitare, basse.

David Briggs:piano.

Jerry Carrigan:batterie.

Pete Drake:steel guitare.

Ray Edenton:guitare.

Buddy Harman:batterie.

John Hughey:steel guitare.

Jim Isbell:batterie.

The Jordanaires:choeurs.

Charlie McCoy:harmonica.

Bob Moore:double basse. 

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So british.

Publié le par RAZOR

Bond---Brown---Two-Heads-Are-Better-Than-One---1972.jpg

Genre:blues,blues-rock,fusion.

 

BOND & BROWN

TWO HEADS ARE BETTER THAN ONE - 1972 (3,5)

POUR ECOUTER L'ALBUM

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A force de croiser leur route et de partager des cercles d’amis et des scènes communes dans l’Angleterre blues-jazz nocturne des années 60, il était inéluctable que Graham Bond, claviériste et saxophoniste et Peter Brown,chanteur et trompettiste, en arrivent un jour à bosser ensemble.

Graham Bond, on connaît. Précurseur du British Blues Boom, fondateur du Graham Bond Organisation dans lequel on retrouve Jack Bruce et Ginger Baker, il est le catalyseur de formations comme Cream et Colosseum. Un monument chez les Rosbeefs. Cream est un des éléments qui lie Brown à Bruce. Le parolier Pete Brown en est le quatrième membre officieux, signant avec Jack Bruce la grande majorité des temps forts du power trio le plus célèbre de tous les temps : White Room, I Feel Free, Politician, Sunshine Of Your Love.

Au sortir de son expérience Piblokto (1971), Pete Brown se rapproche d’un Graham Bond en proie à des problèmes internes liés à la drogue, végétant et bricolant tantôt avec le Ginger Baker’s Air Force, puis, de l’autre côté de l’Atlantique, avec Harvey Mandel et Dr John.

Une collaboration s’engage, sous l’impulsion de Jack Bruce, qui rassemble autour d’un même projet Brown et le couple Bond, Graham s’étant, entre temps, marié avec Diane Stewart. De celle-ci naît un LP, Two Heads Are Better Than One, réalisé en 1972. Pour Bond, usé jusqu’à la corde, le moral dans les chaussettes, vulnérable, c’est le dernier ; il meurt sous les roues d’un métro londonien, en mai 1974, sans jamais avoir la reconnaissance qu’il méritait.

Album inventif qui fusionne jazz, rock et blues et qui réunit en backing band quelques beaux spécimen instrumentaux de la scène anglaise et du moment, Two Heads Are Better Than One amène à regretter que l’expérience entre les deux vieux potes n’ait pas été reconduite. Il ne laisse rien transpirer, en tous cas, de la faiblesse physique et mentale affectant Bond à cette période. Au contraire, ce dernier déborde d’énergie et de rythme, comme en atteste sa performance globale au piano. Bond paraît dérouler sans difficultés  tandis que Brown s’avère un chanteur acceptable, ne manquant pas de sel dans son écriture.

Dans la lignée so british de ce qui se faisait alors, Two Heads Are Better Than One attirera plus volontiers les fans de ces deux anglais atypiques et renforcera un peu plus le mystère qui nimbe le cas Bond.

Lost tribe, Amazing Grass (l’herbe qui fait rire), C.F.D.T (ça ne s’invente pas !) autrement dit Colonel Fright’s Dancing Terrapins, Mass Debate et Looking For Time sont les centres d’intérêt d’un travail bien dans l’esprit des années 60 (RAZOR).

 

1. Lost Tribe.

2. Ig the Pig.

3. Oobati.

4. Amazing Grass.

5. Scunthorpe Crabmeat Train Sideways Boogie Shuffle Stomp.

6. C.F.D.T. (Colonel Frights’ Dancing Terrapins).

7. Mass Debate.

8. Looking for Time.

 

Graham Bond: pianos,orgue,saxophone alto,chant.

Pete Brown: trompette,percussions,chant.

Diane Stewart-Bond: congas,percussions,chant.

Lisle Harper:basse,congas,chant.

Ed Spevock:batterie,percussions,choeurs.

Derek Foley:guitares sur 1/2/3/4/5/7/8.

Mick Hutchinson:guitare sur 6.

Mick Walker:percussions,chœurs.

Sue Woolley,Erica Bond:chœurs.

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En meneur des Outlaws.

Publié le par RAZOR

Mickey-Newbury---Frisco-Mabel-Joy---1971.jpg

Genre:country,Outlaw.

 

MICKEY NEWBURY

LOOKS LIKE RAIN - 1969

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (33RD OF AUGUST)

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Quand, il y a un an environ, j’ai posté la chronique concernant Frisco Mabel Joy sur la Toile, je m’attendais à raviver de grands moments auprès d’une populace d’anciens ou de férus d’Americana et, le cas échéant, à fédérer et échanger sur le thème Newbury. Tu parles, Charles, peau de balle et balais de chiottes, ça ne se bouscule pas plus au portillon aujourd’hui qu’hier et j’en suis encore à attendre désespérément qu’un premier pékin ne vienne pointer à ce rendez-vous.

De deux choses, l’une. Ou mon papier n’a pas réuni suffisamment d’arguments convaincants pour inciter à s’engouffrer dans les pas du patriote Newbury par mon entremise ou l’artiste qui a réunifié l’Amérique et a réinstallé sous la même bannière étoilée, blancs et noirs, nord et sud, variété et country, et ceci en un seul coup (American Dream), intéresse degun. Dans un cas comme dans l’autre, c’est navrant : preuve qu’il y a encore du boulot à faire pour attirer les regards à soi.

Loin de moi l’idée de renoncer pour autant à faire de la pédagogie sur un sujet aussi culte que cet artiste et son œuvre, quand, dans le même temps, on persiste à nous submerger de daubes polycarbonates inqualifiables, quand on continue à crouler sous des divas avant l’heure nasillardes exhibant nichons et tortillant du fion pour penser exister et faire exister leur entourage de tatoués peroxydés, quand on enfonce le clou à nous agiter sous le nez à des fins d’enfumage  l’ancien dernier grand attaquant français sur terre battue, dont la reconversion en en grand moralisateur de gauche est aussi crédible que son implication dans la musique, ou quand, du côté de la rue de Valois, on se prend à mégoter sur la légitimité de décerner la légion d’honneur à Dylan l’insoumis et qu’en parallèle, Shakaponk, valeur du rock numérique actuel, se goinfre un peu facilement celle de Chevalier des Arts et Lettres. C’était mon quart d’heure de défoul’, c’est dit, passons à Newbury.

Depuis 45 ans, et jusqu’à ce qu’il ne trépasse en 2002, que ce mec discret pratique à haut niveau, les traces de fumée blanches qui moutonnent encore dans le sillage de son parcours artistique, ne sont pas prêtes de se dissiper. Même mort. Il est simplement regrettable que ces chemtrails n’intéressent plus qu’un groupuscule d’irréductibles, plus que jamais monté sur ressorts pour ne pas laisser ce label s’éteindre et pour tenter d’occuper un terrain laissé injustement et abusivement à des acteurs de pacotille, la faute à une presse abêtie et sans foi, ni loi, qui penche désormais et en priorité en faveur des intérêts commerciaux qu’elle en tire, plus qu’elle ne remplit la mission culturelle qui lui incombe.

 Car il est là le blème, combien de journaleux ont concédé, ne serait-ce que quelques lignes, au phénomène Newbury ? Sait-on au moins la prolificité et la pertinence d’un catalogue dans lequel il n’est pas une sommité du rock et de l’Americana réunis qui ne moissonne encore régulièrement son répertoire ou qui n’y ait pas pioché un jour matière à s’assurer pitance, considération, audience ou popularité ?

A-t-on idée de l’incidence même de son acte le plus fumeux, le plus osé, une belle et poignante pièce-montée  militante et patriote qu’Elvis Presley achèvera de porter aux nues ? An American Trilogy, c’est fait pour ne jamais disparaître. Sans compter que Mickey Newbury, autre rénovateur de country, peut s’enorgueillir d’une discographique époustouflante.

L’opportunité est toute trouvée de se retourner sur un des illustres maillons de son inventaire : Looks Like Rain, deuxième étage d’un édifice discographique prestigieux que son fronton situe en 1969.

Disque des jours tristes et pluvieux par excellence, Looks Like Rain succède à Harlequin Melodies (1968) un premier LP un tantinet trop lissé que Newbury a réprouvé en personne pour des divergences sur la manière dont il a été produit par RCA. C’est pourquoi le texan s’engage avec un nouveau label, Mercury, duquel il obtient l’engagement de se charger lui-même de la prod.

Avec les coudées franches et en contrôle total, Newbury ose une certaine originalité en dotant l’entièreté de l’enregistrement d’une atmosphère orageuse qui pénètre insidieusement l’auditeur. La pluie et le tonnerre, dans une sorte d’album-concept, cimentent entre elles les différentes chansons d’un disque intime dans lequel le chagrin, l’amour abîmé, l’amour tragique, la mort et la dépression sont chantés avec force émotion et dignité. Certaines pièces bénéficient par ailleurs de subtiles et atmosphériques arrangements ainsi que d’ingénieux effets sonores (train, carillon…).

Le songwriting exceptionnellement minutieux qui alimente le projet, la voix d’une grande profondeur et d’une belle douceur qui le porte,  positionnent Looks Like Rain parmi les œuvres les plus géniales et les plus révolutionnaires que la country ait inventoriées. Ce country-folk élégant, fluide et installé hors du champ spatio-temporel ambiant se positionne dans l’antichambre de ce qui donnera l’impulsion au mouvement Outlaw à venir.

Album en avance sur son époque, profond et mystérieux, au son attachant, auquel il est difficile de reprocher quoi que ce soit et qui aurait pu se nicher dans le gousset d’un Townes Van Zandt  ou d’un Tim Hardin, Looks Like Rain agrémente pour un tiers le coffret anthologique publié chez Drag City sous An American Trilogy (2011) ; Frisco Mabel Joy (1971) et Heaven Help The Child de 1973 (et Better Days, un Cd d’inédits et de démos), à tomber sur le cul, complètent cette offre unique. Cette tierce discographique est touchée par la grâce. Frissons garantis…

Parenthèse refermée, le constat qui découle de l’écoute de Looks Like Rain amène à admettre que le cheminement de ce registre est si finement, si positivement,  si intelligemment structuré et réalisé qu’il s’accommode mal, à sa publication, d’un quelconque retour sur investissement dans les bacs. Ce dernier facteur de rentabilité n’échappe d’ailleurs pas au mercantilisme de Mercury qui, ne comprenant visiblement rien à l’Art, expurge le visionnaire Newbury de ses effectifs. La période Elektra s’annonce alors ; elle sera aussi stellaire et prolifique.

Ce chef d’œuvre rare, apanage d’une minorité d’allocutaires branchés, a ouvert la voie aux rebelles de l’Outlaw, et, depuis, a beaucoup influencé la sphère des rejetons auteurs-compositeurs. Gageons qu’un gazier aussi grand mélodiste qui a été repris par un millier de ses confrères pop, R&B ou country, via un nombre équivalent de chansons, puisse impacter désormais un public plus élargi, ce à quoi je m’emploie et m’emploierai avec détermination.

Dans le détail, l’album donne vie à deux titres parmi les plus célèbres de Newbury : le fantastique She Even Woke Me Up To Say Goodbye et le séminal San Francisco Mabel Joy qui donne son titre au prochain LP de l’artiste.

Looks Like Rain loge un contingent de pensionnaires aussi bouleversants : I Don’t Think About Her No More, The 33 rd Of August, Wrote a Song A Song/Angeline, T. Total Tommy (le plus potentiellement commercial), When The Baby In My Lady Gets The Blues, Look Like Baby’s Gone.

Même 45 ans plus tard, cette antidote contre le pas bien est à écouter, surtout les jours down et pour ne pas avoir à passer à l’acte. On pleure, mais ça fait un bien fou d’être là, sous le porche, transi, à écouter la pluie tomber, les chœurs planer, la guitare égrener ses aménités, avec un exceptionnel chanteur. Et si, après ça, vous voudriez enterrer le sujet, je vous attends de pied ferme (RAZOR) .

 

1. Wrote A Song A Song/Angeline.

2. She Even Woke Me Up to Say Goodbye.

3. I Don't Think About Her No More.

4. T. Total Tommy.

5. The 33rd of August.

6. When The Baby In My Lady Gets The Blues.

7. San Francisco Mabel Joy.

8. Looks Like Baby's Gone.

 

Kenny Buttrey:batterie.

Jerry Kennedy:guitare,saxophone,sitar.

Charlie McCoy:basse,guitare,harmonica.         

Farrell Morris:percussions.

Wayne Moss:guitare.

Mickey Newbury:guitare,chant.     

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Une tronche !

Publié le par RAZOR

Larry-Jon-Wilson---New-Beginnings---1975.jpg

Genre:country.

 

LARRY JON WILSON

NEW BEGINNINGS - 1975

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (OHOOPEE RIVER BOTTOMLAND)

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Jouons-la franco. Jusqu’au visionnage du documentaire sur la country Outlaw, Heartworn Highways, dont je vous ai récemment référé, je n’avais pas la moindre idée sur qui était Larry Jon Wilson, encore moins que ce natif de Georgie et familier des Earle, Van Zandt, Prine, Newbury, Clark, Coe ou Kristofferson était si considéré dans la musique country. Comme auteur-compositeur, d’une part, et comme chanteur-guitariste d’autre part.

Révélé par ce film, je me suis mis en quête d’en savoir un peu plus sur cet oiseau à la voix de baryton, d’abord assez sympathique, d’humeur plutôt joviale au regard des images attachantes que j’en ai vues. J’en ai aussitôt pincé pour cette tronche, tombant littéralement sous le charme de sa chanson Ohoopee River Bottomland, rivière géorgienne au nord de laquelle Larry Jon Wilson est né.

Patratas ! J’apprends, dans la foulée des premiers contacts noués avec le cursus de cet artiste, que l’homme est mort d’un AVC le jour où l’été 2010 annonce son retour et surtout, terrible ironie du sort, alors que son petit-fils vient de naître.

Venu tard aux affaires mais surtout trop soul pour les ploucs du sud et trop précieux pour les honky-tonkers, Larry n’a jamais trop fait parler de lui dans son art, n’ayant jamais vraiment accroché de quoi alimenter les charts pour s’assurer une parcelle de popularité, et a eu la merveilleuse idée de tourner le dos à l’industrie du disque au début des années 80. Qui plus est, le songwriter country a attendu plus de trente ans avant de republier un LP éponyme en 2008 sur le label Drag City.

Et pourtant, tous les avis convergent pour louer la qualité de ses quatre albums pour Monument Records, réalisés dans la deuxième moitié des  années 70 : New Beginnings (1975), Let Me Sing My Songs (1976), Loose Change (1977) et Sojourner (1979). Malgré les éloges du milieu musical, Wilson se retire de la scène, préférant donner la primeur à l’écriture tout en continuant à se produire en public de manière informelle. Ecoutable pour peu que vous sortiez des clous de la distribution classique, tout le bien qui transpire de cette œuvre se confirme. J’vous dis ça, j’vous dis rien.

New Beginnings, sur lequel j’ai jeté mon dévolu pour l’heure, a été acclamé par la critique. Le LP de ses débuts pêche par le seul fait qu’aucun de ses titres n’a fait carrière dans les hits. Pour le promouvoir à l’époque, c’était coton. Avec le temps, la crédibilité engendrée au fil des années par les rumeurs favorables et grâce au regain d’intérêt dû à la sortie de son dernier album, New Beginnings a pris un volume supplémentaire par rapport aux commentaires liés à sa publication d’origine.

Ma propre écoute de New Beginnings, prise sous l’angle du chroniqueur privé de munitions et débarquant, trois décennies plus tard et à l’aveugle dans un environnement peu familier, avec la bite et le couteau pour seuls alliés, relève plus du blind test au doigt mouillé, que de l’avis généralement décortiqué et documenté que je pratique habituellement.

Au pif, il est patent que cette collection de chansons ne véhicule pas en elle les éléments d’une réussite commerciale, ceci explique certaines interrogations sur le sujet Wilson. Il s’avère malgré tout que la prestation variée de Larry Jon Wilson restitue une belle fraîcheur, une bonne dose d’originalité et encore plus, de sincérité. New Beginnings est accrocheur. Constitué pour moitié de belles ballades, les origines sudistes de ce répertoire sont manifestes.

La voix forte de baryton vole la vedette à une écriture originale introspective pourtant sublime, souvent narrative, qui amène à regretter de ne pas avoir eu connaissance de l’existence de ce personnage attachant plus tôt, mais qui n’a rien fait pour changer le cours des événements. Sa coutry-funk de New Beginnings bénéficie de beaux arrangements ; elle n’est pas sans rappeler un certain Tony Joe White, dont on se demande si Larry n’est pas le fils caché.

J’ai craqué pour ce mec qui dit être né en 1975 quand il débarque à Nashville, j’ai craqué pour son délicieux Ohoopee River Bottomland qui fricote avec l’Outlaw, une scène que j’affectionne. Sa perte est lourde et immense. Je tenais tout simplement à vous en faire part, point barre. Souhaitons-lui une gloire posthume, son anonymat étant si injuste ; il le méritait bien (RAZOR).

 

Face 1.

1. Ohoopee River Bottomland.

2. Through The Eyes Of Little Children.

3. New Beginnings (Russian River Rainbow).

4. The Truth Ain'y In You.

5. Canoochee Revisited (Jesus Man).

 

Face 2.

1. Broomstraw Philosophers And Scuppernong Wine.

2. Lay Me Down Again.

3. Melt Not My Igloo.

4. Things Ain't What They Used To Be (And Probably Never Was).

5. Bertrand My Son.

 

Johnny Christopher,Don Potter:guitare acoustique.

Tommy Cogbill:basse.

Henry Strzelecki:basse acoustique.

Hayward Bishop,Jerry Carrigan:batterie.

Bruce Dees,Reggie Young:guitare électrique.

Lloyd Green:slide guitare.

Donnie Lowell:harmonica.

Bobby Woods:claviers.

Farrell Morris,Hayward Bishop:percussions.

Gayle Whitfield:saxophone.

Tommy Smith:trompette.

Larry Jon Wilson:guitare,chant.

Belinda West,Bruce Dees,Ginger Holloday:choeurs.

Janet Helm,Lea Jane Berinati,Mary Holladay:choeurs.

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Le coeur à l'ouest, les pieds à Nashville...

Publié le par RAZOR

Steve-Young---Seven-Bridges-Road---1972.jpg

Genre:country-rock,country,west coast.

 

STEVE YOUNG

SEVEN BRIDGES ROAD - 1972

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (SEVEN BRIDGES ROAD)

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J’y suis, j’y reste. Je m’y sens si bien dans cette coolitude Outlaw que je ne résiste pas à l’envie et au plaisir d’enfoncer un peu plus le clou en vous emmenant, une fois encore, du côté d’Austin, épicentre d’un théâtre que Steve Young a également impacté, dont il fut surtout un talentueux pourvoyeur avant d’en être un acteur direct. Même s’il a navigué entre Nashville et Austin, qu’il fut dans les bons papiers de Waylon Jennings, de Townes Van Zandt, Guy Clark et David Allan Coe, les meneurs de la fronde, Young se définit plus comme un country-rockeur, voire un south rockeur que comme un countryiste, fut-il hors-la-loi. Son cœur balance plus pour la côte ouest que pour Nashville.

De son brillant passé, le morceau Seven Bridges Road est le fleuron de son répertoire, couvert par de nombreux artistes, dont Eagles sur son live de 1980. Cette chanson, présente sur l’album précédent Rock Salt And Nails (1969), donne son nom au deuxième LP de Steve Young, chanteur, compositeur et interprète géorgien, passé par le Greenwich Village new yorkais, l’Alabama et la Californie  avant de s’installer au Texas où sa musique a l’adhésion d’un public plus réceptif qu’ailleurs. D’où la difficulté à le catégoriser vraiment.

Influencé par le folk, la country, le gospel, le blues et le flamenco, par Hank Williams, Elvis Presley, Carl Perkins et Carlos Montoya, Steve Young suit sa propre voie musicale sans se cloisonner dans un genre particulier, mais surtout en combinant ses racines folkloriques sudistes, les infortunes de son existence (amour, alcool et drogue) et les nouvelles tendances de la musique US.

Steve Young a alimenté les parcours de stars de l’Outlaw comme Waylon Jennings (Lonesome Orn’ry & Mean), c’est pourquoi il est souvent assimilé à cette scène, ou de célébrités comme Joan Baez (Seven Bridges Road).  Jamais, piètre auto-promoteur qu’il était, ni intéressé par une carrière, Young  n’est allé plus loin pour son propre compte, préférant  se faire discret, et, pour son public, garder contrôle et cohérence dans la pratique de son art.

Malgré ça, une quinzaine d’albums lui est affectée. Et pas des albums de branquignols, l’artiste est outrageusement doué, très perfectionniste, guitariste très accompli et porteur de trop de bonnes idées pour se fourvoyer dans de la petite bricole. Tous ses travaux de la décennie 70 portent le sceau de l’excellence. Pas un pet de travers entre Rock Salt And Nails (1969) et No Place To Fall (1978) ce qui revient à accorder énormément de crédit à toute cette période de Young. Seven Bridges Road se situe sur ce créneau prestigieux.

L’album Seven Bridges Road (1972) se fait pour Reprise Records, après avoir quitté A & M. Deux ans après Rock Salt And Nails, ce changement de label sonne pour Young comme un nouveau départ. Pas question pour lui de changer de crémerie et de laisser sa chanson-phare être exploitée par d’autres, une nouvelle version est enregistrée histoire de couper l’herbe sous le pied d’éventuels malintentionnés. La confusion s’installe alors.

Deux autres titres notoires de son répertoire figurent sur ce merveilleux disque de country, certainement son meilleur : Montgomery In The Rain repris par Hank Williams et Lonesome On’ry And Mean que Waylon Jennings a popularisé. Mais c’est bien l’ensemble des performances qu’il s’agit de louer ici, cet album varié bénéficiant d’une écriture plus puissante et inspirée que jamais de son jeune auteur (et de son ex-femme Cheryl Young  sur My Oklahoma) ainsi que du soutien efficace de musiciens, des cadors de Nashville.

Mon analyse porte sur la version d’origine (Young dans un paysage enneigé portant un enfant sur le dos) car il faut savoir que, pour échapper aux mandataires judiciaires qui, pour le compte des anciens labels exploitent éhontément le catalogue de l’artiste, Young a réenregistré trois variantes supplémentaires de Seven Bridges Road dont celle que l’on appelle l’album vert, plus complète et excellente (Reprise 1971/72), Blue Canyon (1975) et Rounder (1981). Vigilance donc, même si toutes ces versions, quoi que différentes dans leur agencement, sont toutes recommandables. Mais, si vous voulez faire le grand saut pour le géorgien, alors c’est l’original ou son suivant chez Reprise. C’est culte que voulez-vous ! Ah, oui, j’allais oublier… c’est produit par David Briggs qui passe d’un Young à l’autre. Ca vous parle David Briggs ? Neil Young et le Crazy Horse. Ca sent plutôt bon, non ? (RAZOR)

 

1. Seven Bridges Road.

2. My Oklahoma.

3. The White Trash Song.

4. I Can't Hold Myself In Line.

5. I Begin to See Design.

6. Long Way To Hollywood.

7. Many Rivers.

8. Lonesome, On'ry And Mean.

9. Come Sit By My Side.

10. True Note.

11. Ragtime Blue Guitar.

12. Montgomery In The Rain.

 

Steve Young:guitare,chant.

Pete Drake,Weldon Myrick:steel guitare.

Josh Graves:dobro.

Buddy Spicher:violon.

Charlie McCoy:harmonica.

David Briggs,Jerry Smith:claviers.

Fred Carter Jr,Henry Strzelecki:basse.

D.J. Fontana,William Ackerman,Jerry Carrigan:batterie.

Bobby Thompson,Ray Edenton,Bob Moore,Dale Sellers,Pete Wade:guitare.

Paul Tannen,Ginger Holladay,Maria Holladay:choeurs.

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Le Fillmore des rednecks.

Publié le par RAZOR

Jerry-Jeff-Walker---Viva-Terlingua-----1973.jpg

Genre:country outlaw,live.

 

JERRY JEFF WALKER

VIVA TERLINGUA ! - 1973

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (DESPERADOS WAITING FOR A TRAIN)

link

 

C’est par une belle et chaude nuit de l’été 1973, le 18 août plus exactement, que la scène du Dance Hall de Luckenbach la texane a signé un long bail avec la country music. Une soirée menée de main de maître par Jerry Jeff Walker soutenu par le Lost Gonzo Band et au cours de laquelle est enregistré le live Viva Terlingua !, devenu un incontournable album de country outlaw. Depuis, la cite du Gillespie County a été immortalisée par Waylon Jennings et Willie Nelson, via la chanson Luckenbach Texas (Back To The Basics Of  Love). Aujourd’hui encore, Luckenbach organise régulièrement des concerts country où la Shiner Back, bière locale, coule à flot.

La première chose qui frappe à l’écoute de ce disque, c’est sa qualité sonore exceptionnelle. L’histoire de cet opus dit que l’équipe d’organisation du concert à la demande des techniciens du cercle de l’artiste ont fait installer des balles de paille le long des murs d’enceinte de la salle pour justement influer sur ce son. Pari réussi, les techniques de studio achevant d’enjoliver les bandes.

Ce qui surprend moins, à l’écoute de Viva Terlingua, c’est sa matière magnifique, tissée autour de ce qui représente l’excellence de ce genre anticonformiste et marginal, collectée dans le répertoire des texans Guy Clark (la ballade Desperados Waiting For A Train), Michael Martin Murphey (Backslider’s Wine), de Gary P. Nunn (un London Homesick Blues vénéré au Texas et étiré au-delà des 7 minutes) et Ray Wylie Hubbard (le tapageur Up Against The Wall  Redneck Mother), et que complète, pour plus de la moitié des titres (Gettin’ By, le caribéen Sangria Wine, le mid-tempo façon Eagles du nom de  Little Bird, Get It Out aux refrain soul  et le zarbi Wheel), le songwriting de qualité du new yorkais Walker. L’assortiment est gagnant.

Il y a enfin la prestation  en elle-même, qui, bien qu’enregistré face à un public,  ne traduit pas vraiment la sensation habituelle du live, s’apparentant plus à une prestation studio, mais si maîtrisée, si convaincante, si festive, turbulente, décontractée, inspirée et polyvalente qu’elle en est un modèle de country prog se plaçant  dans le sillage immédiat de ce que le gratin du phénomène dit « hors-la-loi » d’alors est en mesure de proposer. Le Lost Gonzo Band n’est pas étranger à la belle impression qui se dégage de son soutien à Jerry Jeff Walker, notamment au niveau des claviers, du violon et des choeurs.

Viva Terlingua ! est un très grand LP de Jerry Jeff Walker qui capture bien l’esprit  de la scène country progressiste d’Austin, celle qui toise Nashville et chahute la norme en vigueur. Avec le temps, ce disque est définitivement immortalisé en un classique de l’Outlaw. Le new yorkais, en première ligne d’une troupe de jeunes renégats en herbe, est au sommet de son art, on ne lui fera donc pas l’affront de rater ce séminal rendez-vous de Luckenbach. Si Walker est une figure mythique du genre aujourd’hui, Viva Terlingua y a très largement contribué (RAZOR).

 

1. Gettin' By.

2. Desperados Waiting for a Train.

3. Sangria Wine.

4. Little Bird.

5. Get It Out.

6. Up Against The Wall, Redneck Mother.

7. Backslider's Wine.

8. Wheel.

9. London Homesick Blues.

 

Kelly Dunn:orgue,piano.      

Mary Egan:violon.

Craig Hillis:guitare,guitare électrique.

Robert Livingston:basse,claviers,choeurs.       

Michael McGeary:batterie,percussions.

Gary P. Nunn:claviers,orgue,piano,choeurs.    

Mickey Raipheld:harmonica.

Herb Steiner:steel guitare.    

Joanne Vent:chant,choeurs.

Jerry Jeff Walker:guitare acoustique,chant.

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La frange indocile de la country.

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Genre:DVD,country,outlaw,various artists.

 

HEARTWORN HIGHWAYS

VARIOUS ARTISTS - 2012

POUR VOIR DES IMAGES

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Les contributeurs gratinés de la scène country rebelle, dite Outlaw, sont les piliers de ce superbe documentaire devenu culte, intitulé Heartworn Highways (de James Szalapski). Guy Clark, Townes Van Zandt, Larry Jon Wilson, David Allan Coe, Steve Young, Rodney Crowell, Charlie Daniels…  le film dévoile la frange indocile et marginalisée d’un genre qui, jusqu’à l’avènement de ce mouvement autoproclamé d’émancipation, de désobéissance ainsi que de réaction au Nashville Sound et aux crooners de la country-pop, prenait ses instructions auprès de la capitale tennesséenne uniquement.

L’Outlaw Movment, né à la fin des années 60 regroupe des musiciens, généralement marginaux, repris de justice et fieffés soiffards, déterminés à développer leur propre country, en toute indépendance, avec pour vecteur principal une liberté héritée d’un passé hip, et en s’affranchissant de la norme nashvillienne en termes de songwriting, de production et d’arrangements. Souvent asociaux et animés d’un penchant pour la bibine, la première vague d’indomptables est menée par les Waylon Jennings, Kris Kristofferson, Willie Nelson, eux-mêmes influencés par la country de Nashville. Comme quoi…

Cette scène extraordinaire, avis que ne partagent pas les purs et durs de la country basique, se rapproche enfin du rock, alors que les genres se sont longtemps opposés. Heartworn Highways resitue l’émergence de la deuxième vague de ces affranchis de la country traditionnaliste : celle, disais-je, des Van Zandt, Clark, Coe, Young, Crowell…il y en a d’autres aussi impliqués qui ne figurent pas ici.

Les images (en couleur) datent de fin 1975, début 1976, donc à une période où certain acteurs de Heartworn Highways comme David Allan Coe ou Larry Jon Wilson, sont dans la phase initiale de leur carrière, commencent à émerger dans le décor country, tandis que d’autres comme Rodney Crowell ou le juvénile Steve Earle qui a encore du lait derrière les oreilles, sont pour l’heure quasiment inconnus. Townes Van Zandt, par contre, a six fameux albums au compteur et semble être un peu le chef de file de cette troupe de potes. Charlie Daniels, de son côté, a pignon sur rue en collaborant avec Barefoot Jerry et en se rapprochant alors du rock sudiste (Charlie Daniels Band). Dans le même temps, Steve Young est un pionnier du country-rock, de l’Americana et de la country alternative.

L’énumération de ces figures de proue de l’Outlaw renvoie au nec plus ultra des compositions folk et de la country hétérodoxe du moment et qui se démarque de manière conséquente du même art pratiqué par la génération qui précède. Ces artistes légendaires, réputés tant pour leurs propres travaux que pour  avoir alimenté avec leurs chansons le répertoire de confrères, sont aujourd’hui les mentors pour lesquels leur descendance a les yeux de Chimène : la crème de l’Americana.

Le docu n’a pas de visée pédagogique ; sa seule motivation est d’accompagner dans des lieux, des situations et autour de personnages ordinaires de la vie quotidienne et professionnelle, ces géants du genre. Heartworn Highways, libéré en 1981 (2012 pour la version remasterisée), se déplie comme une longue et mémorable promenade, dans leur intimité et leur simplicité quotidiennes. Dans un esprit cool, sans véritable canevas, il donne un bel aperçu de cette période.

Dans sa nouvelle configuration DVD, outre le film d’origine, l’offre propose un rab de séquences axées sur des spectacles musicaux de Van Zandt, Clark, Coe, Richard Dobson et Charlie Daniels qui, à eux seuls justifient l’investissement, ainsi qu’un livret contenant une interview avec le réalisateur à propos du film. On y apprend notamment qu’avant de porter son titre définitif, Heartworn Highways a d’abord été nommé New Country, puis Outlaw Country.

En  92 minutes, le spectateur est invité à partager cette ambiance sympathique et plutôt détendue, qui le studio avec Larry Jon Wilson, qui la modeste propriété de Van Zandt ouverte aux quatre vents, qui le bus de tournée de David Allan Coe ou son spectacle devant les taulards d’un pénitencier du Tennessee, qui le concert informel de Charlie Daniels dans le gymnase d’une école, qui la table de Noël des Clark qui réunit quasiment tous les acteurs du film, qui la Wig Wam Tavern de Big Mack McGowan tapant le blues du Docteur avec son compagnon de beuverie Glenn Stagner, qui l’atelier de Guy Clark où il répare sa Gibson.

Guy Clark ouvre le bal avec une version sublime de L.A. Freeway, relayée par une session syncopée de Ohoopee River Bottomland de Larry Jon Wilson. Au fil des images, les titres et leurs auteurs s’enchaînent : David Allan Coe avec Keep On Trucking d’abord, puis, plus loin, I Still Sing The Old Songs, River ; Barefoot Jerry (Two Mile Pike), Rodney Crowell (Bluebird Wine), Steve Young (Alabama Highway), Gamble Rogers qui part dans un long monologue avant d’entamer Black Label Blues, Peggy Brooks (Let’s Go All The Way), re-Guy Clark (Texas Cooking) , le Charlie Daniels Band (Texas), Steve Earle (Elijah’s Church)…

Dans ce cadre divertissant, deux événements dominent tous les autres. A savoir quand  le plaisantin Townes Van Zandt sort sa guitare  en comité restreint et y va d’un émouvant Waiting Around To Die qui fait monter les larmes aux yeux et même carrément pleurer le vieux black Uncle Seymour Washington, forgeron de Clarksville. Cette scène est mémorable.

La séquence finale de Noël qui réunit, dans la cuisine des Clark, ces illustres renégats de l’échiquier Outlaw dénote l’amitié, la solidarité, la complicité et l’esprit de grande liberté qui soufflaient sur ce mouvement.

Ce documentaire n’est que plaisir ; il est une preuve supplémentaire que la country music n’était pas aussi rigide que celle traditionnaliste de Nashville et qu’il faut arrêter de la diaboliser. Si ce film très agréable pouvait avoir un effet bénéfique sur les récalcitrants à ce genre, ce serait tout bonus, d’autant plus que le Jack Daniels n’est jamais très loin. Grand moment (RAZOR).  

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Efficace, mais sans génie.

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Genre:blues-rock,hard rock.

 

FOGHAT

FOGHAT - 1972 (3,5)

POUR ECOUTER L'ALBUM 

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Foghat est arrivé dans le métier par une porte susceptible de lui aménager un avenier radieux si l’on se réfère à ce bon  album éponyme de 1972 marquant l’entrée au catalogue de ces rosbeefs qui installent leur Q. G. chez l’Oncle Sam.

Formé en 1970 et composé de Dave Peverett (guitare et chant), de Roger Earl (batterie, percus) et Tony Stevens (basse), puis, un peu plus tard, de Rod Price (guitare), Foghat a souvent été voué aux gémonies par la critique du moment et mis dans le même sac que Grand Funk Railroad, au motif d’abêtir le rock. Faut quand même pas pousser, pour arriver au niveau crasse des gars du Michigan, fallait se lever de bonne heure.

Foghat pratiquait une musique simple, pas fufute, dépourvu d’arrangements sophistiqués, qui amena à sa classification dans un rock assez simplet, mais de là à jeter le bébé avec l’eau du bain, pas d’accord. Encore moins de les assimiler au pire des représentants du heavy metal qu’il m’ait été donné d’entendre dans les années 70.

Jusqu’à la fin de cette décennie marquée, dans sa deuxième partie, par l’arrivée du disco et du punk, Foghat, bien que limité, a continué à travailler d’arrache-pied pour hausser son niveau et rendre la copie la plus propre possible.  Il en a fallu de l’huile de coude pour en arriver à l’excellent Fool In The City (1975) qui concrétise tous leurs efforts consentis.

Il n’est pas pour autant question de crier au génie. Foghat n’a pas changé la face du  hard rock. Bons acteurs de live (son live de 1977 tient la route), les angloricains n’ont pas un catalogue à faire se pâmer le rockeur en général. Les espoirs placés en ces jeunes hommes sont restés quasiment sans lendemains.

Hormis le coup d’éclat de Fool In The City, ce LP initial, qui a contre lui la jeunesse, le tâtonnement et le manque de maturité, échappe à l’impitoyable constat d’échec qui caractérise leur parcours des 70’s.

L’album Foghat se fait pour Bearsville Records (Paul Butterfield, Todd Rundgren, Jesse Winchester…), le label de l’état new yorkais d’Albert Grossman, dit l’Ours, aussi nounours dans le quotidien que grizzly dès qu’il revêt son costume d’homme d’affaires ; le manager de Dylan est  l’homme qui les flaire et les prend sous son aile, persuadé de détenir là une grande formation en devenir, une des meilleures de boogie hard rock. Il faut dire que le passé sous Savoy Brown de trois des quatre membres de Foghat laisse augurer d’un futur prometteur.

Inspirée du blues et du rock ricain, la musique de Foghat navigue, sur l’ensemble de son parcours, entre quelques (rares) bribes de subtilité et des vagues plus torrides. Ici, on en est encore à une ambiance blues rock assez gentillette, mais ça passe.

Partagé entre moments bluesy, dont le joyau est la reprise de Willie Dickson I Just Want To Make Love To You, et passages plus rocks (Maybelline, Highway Killing Me ou Fool’s Hall Of  Fame), cet album éponyme moyen + installe néanmoins ce qui sera la patte Foghat qui, pour l’anecdote, ne savait pas encore la veille de la fin de ces enregistrements qu’il allait s’appeler Foghat.

Belle rythmique, guitare et slide gourmandes, chant convaincant mais hélas mal restitué techniquement, originaux prometteurs (Trouble Trouble notamment), Foghat suscite effectivement de beaux espoirs. Le démarrage est bon, la suite le sera moins (RAZOR).

 

1. I Just Want To Make Love To You.

2. Trouble Trouble.

3. Leavin' Again (Again).

4. Fool's Hall Of Fame.

5. Sara Lee.

6. Highway (Killing Me).

7. Maybelline.

8. A Hole To Hide In.

9. Gotta Get To Know You.

 

Dave Peverett:chant,guitare.

Rod Price:guitare.

Tony Stevens:basse.

Roger Earl:batterie.

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Le seul legs de Palmer.

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Genre:rock psychédélique.

 

BRUCE PALMER

THE CYCLE IS COMPLETE - 1971

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (OXO PART I)

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Il est triste et regrettable que certaines grandes œuvres ne soient jamais remontées à la surface ou remises à l’occasion sous les feux des projecteurs. D’autant plus qu’en ce qui concerne Bruce Palmer, The Cycle Is Complete, objet des regrets qui m’habitent, est la seule qu’il est à faire valoir pour sa propre pomme.

Il y a les cadors et les sous-fifres me direz-vous. Deux points, deux mesures si je peux m’exprimer ainsi. On en fait des tonnes pour Stephen Stills et Neil Young, voire à un degré moindre pour Richie Furay, avec lesquels Bruce Palmer a œuvré au sein du Buffalo Springfield jusqu’à son remplacement par Jim Messina, mais quedal pour celui qui tenait la basse (et de quelle manière !)  dans cette formation séminale et anthologique.

Même si Bruce était moins motivé pour la célébrité que les deux compères aux égos surdimensionnés du CSN & Y, il n’en demeure pas moins que la longue improvisation free jazz et psyché en quatre phases tissée autour de la basse de Palmer et figurant au menu de cet opus, mérite louanges et considération.

Elle vaut surtout de replacer sur un même pied d’égalité que ses chefs sous Buffalo, celui qui en était un maillon déterminant mais discret, un membre aussi influent que les autres dans la création du son West Coast des années 60.

Obscur trip instrumental, The Cycle Is Complete (Verve/1971) est fusionné en un mix ésotérique de rock, jazz, folk, psychédélisme et d’influences orientales, échafaudé autour d’une multitude d’instruments (violon, orgue, flûte, hautbois, piano, oboe, congas) et de quelques vocalises (Ricky James Matthews), étiré en une suite tentaculaire de 4 jams qui relèvent pour beaucoup de l’improvisation.

Visionnaire, le rendu de ce gourou musical (dixit Ahmet Ertegun) est proprement sidérant et ne trompe pas sur les substances qui ont accompagnées ces prestations exceptionnelles à écouter le casque vissé sur le crâne pour en exploiter au mieux la substantifique moelle.

Plombé commercialement, cette musique ne se prêtant absolument pas à des desseins mercantiles, il est évident que cet album s’adresse essentiellement aux collectionneurs et nostalgiques de feu Palmer, l’ami de Neil Young. Encore faut-il pouvoir le trouver.

Quoi qu’il en soit, je tenais à cette petite piqûre de rappel à l’égard d’un homme qui a donné beaucoup au rock, surtout au rock californien que j’affectionne. Comme le Canadien de Liverpool (célèbre pour l’affaire du Corbillard de Neil Young) n’est plus là, puisse ma chronique faire d’une pierre, deux coups : réhabiliter le magnifique, frénétique  et spontané The Cycle Is The Complete et rendre hommage à cet artiste aux lignes de basse mémorables, mais qui, hélas, n’a jamais tiré profit de son énorme talent malgré les tentatives de son pote Neil Young. A l’écoute de ces quatre pièces, il avait beaucoup à offrir (RAZOR).

 

Face 1.

1. Alpha-Omega-Apocalypse.

2. Interlude.

 

Face 2.

1. Oxo.

2. Calm Before the Storm.

 

Bruce Palmer:guitares,basse.

Ed Roth:orgue.

Rick Matthews:percussions,chant.

Big Black (Danny Ray):congas.

Templeton Parcely (Chester Crill):violon.

Richard Aplan:hautbois,flûte.

Jeff Kaplan:piano.

Paul Lagos:batterie.

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La matière et la voix.

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Genre:country,country-folk,country-pop.

 

TOM T. HALL

BALLAD OF FORTY DOLLARS - 1969

POUR ECOUTER UN EXTRAIT (BALLAD OF FORTY DOLLARS) 

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Même s’il répète à l’envi avoir raccroché les gants au clou, Tom T. Hall a, depuis 1986 et sa mise en retrait, toujours gardé un orteil dans une country à laquelle il a alors consacré plus de 30 ans de sa vie. N’en croyez donc pas un mot quand il dit qu’il est aujourd’hui un paisible retraité et qu’il a tourné définitivement les talons à l’industrie du disque.

Il n’est pas une de ses nouvelles matinées, depuis l’annonce de son retrait des affaires, qu’il n’ait pas consacré à la chanson et comme il pense country, dort country, mange country, genre qu’il a gratifié d’incontournables classiques, il n’est pas surprenant de le retrouver à gratter et à composer dans le studio d’enregistrement aménagé dans son ranch de Fox Follow, à proximité de Nashville.

La seule différence avec son illustre passé réside dans le fait qu’il est libéré des  contraintes imposées par le milieu. Désormais, celui que les fans ont surnommé The Storyteller pour ses dispositions de narrateur et la précision de ses textes, est libre et ne pense qu’à faire que ce qui lui plaît comme continuer à écrire et à chanter à son rythme et sans qu’on ne lui impose quoi que ce soit. Avec Miss Dixie, cela va de soi, sa femme et partenaire de songwriting.

Une telle attitude peut paraître présomptueuse, mais le Mossieur peut se la jouer comme ça. Son statut de légende de la country et du bluegrass le lui autorise. Plus d’une dizaine de titres placés N°1, près d’une trentaine dans le Top 10, des chansons pour Johnny Cash, Waylon Jennings, Alan Jackson, Loretta Lynn, les stars en vogue dans le genre …, Tom T. Hall, orphelin de père et de mère à 15 ans, ne doit sa réussite qu’à son seul talent.

Considéré depuis 1963 pour la pertinence de son écriture au point de séduire le chanteur country Jimmy Newman, Tom T. Hall marque cependant une certaine réticence à enregistrer ses chansons pour son propre compte. Il sera difficile et long à le convaincre de s’engager dans une carrière solo pour laquelle il a tous les atouts de la réussite : la matière et la voix. Ce sera fait en 1967.

Ballad Of Forty Dollars est son premier test en ce sens. Nous sommes en 1969, Tom T.Hall met le pied à l’étrier ; il n’aura pas à le regretter et va gravir les échelons progressivement. Les traces qu’il en reste, se nomment A Week In A Country Jail, (Old Dogs Children And) Watermelon Wine, I Love, Country Is, The Year Clayton Delaney Died, I Like Beer, Faster Horses (The Cowboy And The Poet)…

Côté LP, ses cinq premiers sont les meilleurs à mon sens : celui qui nous concerne, Homecoming, sorti la même année 69 et depuis couplé avec Ballad Of Forty Dollars, I Witness Life et One Hundred Children (1970) et In Search Of A Song (1971). Tout cela chez Mercury pour lequel il signe.

Porté par la ballade qui donne le nom à l’album, Ballad Of Forty Dollars, son premier Top Ten, ce disque montre un artiste déjà installé au sommet de sa créativité. On y retrouve les classiques Shame On The Rain, le triste That’s How I Got To Memphis (Sur la Route de Memphis pour Eddy Mitchell), Forbidden Flowers, The World, The Way I Want It. Cette collection d’une grande beauté est le marchepied idéal pour aborder le catalogue d’un des plus grands conteur-auteur-compositeur-chanteurs de country. On ne s’en détournera sous aucun prétexte (RAZOR).

 

1. That's How I Got To Memphis.

2. Cloudy Day.

3. Shame On The Rain.

4. Highways.

5. Forbidden Flowers.

6. Ain't Got The Time.

7. Ballad of Forty Dollars.

8. I Washed My Face In The Morning Dew.

9. A Picture Of Your Mother.

10. The World The Way I Want It.

11. Over And Over Again.

12. Beauty Is A Fading Flower.

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