Genre: rock psychédélique.
THE CHARLATANS
FIRST ALBUM & ALABAMA BOUND (1966/69) - 1995 (4,5)
POUR ECOUTER UN EXTRAIT (ALABAMA BOUND) link
Sam Linde (batterie) auquel succède rapidement Dan Hicks, Mike Wilhelm (guitare), Mike Ferguson (claviers), Richie Olsen (basse) et l’étudiant en architecture
George Hunter, seul musicien sans véritable expérience et formation musicales (on lui réserve le tambourin et il finit par se fixer à la guitare rythmique, au chant et à l’écriture), mais vrai
catalyseur de l’équipe, formaient l’ossature des Charlatans américains que vous me ferez le plus grand plaisir de ne pas confondre avec leurs homologues UK en activité, qui font dans un autre
genre et venus bien plus tard aux choses du rock.
Non, les miens, les ceusses de l’Oncle Sam, nés en 1964, sont d’une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître et sont associés à des lieux qui parlent
d’eux-mêmes : San Francisco et sa scène musicale psychédélique bouillonnante, du côté de Haight-Ashbury, dans les années 60.
Depuis que vous me fréquentez, vous connaissez ma passion pour tout ce qui gravite autour de la Californie de ce temps d’alors. C’est pourquoi, pour combler un vide
et alors que je boucle une énième chronique qui me rapproche de plus en plus des 1500, j’ai pris la décision d’accorder (enfin) la place qu’elle mérite à cette formation essentielle du mouvement
psychédélique pour lequel j’en pince. D’autant plus que les rééditions, je ne le dirai jamais assez, permettent d’accéder aujourd’hui à des groupes et à des répertoires rejaillis de nulle part,
dont nos gaillards font partie.
Pour ce qui concerne nos Charlatans ricains, nous avons le méchant coup de bol de pouvoir disposer d’une publication de 1992 (EVA Records), qui couple l’album The
Charlatans avec une compilation d’enregistrements inédits nommée Alabama Bound. La couverture est complète et donne un très large aperçu de l’importance, voire du rôle central et influent occupé
auprès des formations de l’Area Bay débarquant sur leurs talons, par ces clones de James West et d’Artemus Gordon.
Les Charlatans ont montré la voie à suivre en développant rapidement un côté indocile et en optant pour des accoutrements vestimentaires bariolés sortis tout droit
de la série télévisée The Wild Wild West (Les Mystères de l’Ouest chez nous) et des friperies victoriennes ; la jeunesse hippie naissante de San Francisco s’en inspirera sans tarder.
Un des premiers à être passé à l’électricité après que le mouvement folk initié par Greenwich Village ait remisé ses grattes sèches dans leurs housses et que
l’invasion britannique dévastatrice ait écumé de long en large le sol américain, les Charlatans sont en quelque sorte les précurseurs du San Francisco Sound.
En 64/65, les Dead, celui que l’on a tendance à considérer comme le premier inventeur du son de cette scène, ou Country Joe, l’autre co-pionnier supposé du genre,
en sont encore à la jouer folklo. L’autre domaine dans lequel les Charlatans ont eu une longueur d’avance sur tout le monde, c’est dans l’expérimentation du LSD, attribut indissociable de cet
échiquier musical psychédélique. Ils piochent, en effet très tôt et avant les autres, dans la boite à pilules lysergiques, devenant le « house band » du Red Dog Saloon où ils ont élu
domicile en 1965 (Virginia City). Janis et son Big Brother & The Holding Company, lui succèdent en ces lieux, leur emboitant le pas.
Dans la foulée, la musique psychédélique va alors connaître son âge d’or : quelque chose d’énorme vient de naître entre ces murs, qui portera le nom d’acid
rock. Une affiche réalisée à l’encre bleue et noire, œuvre conjointe de Hunter et Ferguson connue sous le nom de « The Seed » témoigne de cette époque (voir sur le site
classicposters.com). Elle est aussi une des toutes premières (sinon la première) des affiches de l’ère psychédélique.
Vous voyez maintenant pourquoi j’évoquais précédemment le rôle central de ce groupe et pourquoi le fait de ne pas faire l’amalgame avec les Charlatans rosbeefs.
Revenons à nos moutons : dans le même temps, les Charlatans s’engagent dans des sessions d’enregistrement entre cette même année 1965 et 1968, date à laquelle ils se séparent. Il reste de
cette tranche historique un legs discographique aujourd’hui revalorisé (Dieu merci !) et plus complet grâce à la parution couplant le First Album éponyme, un peu pauvre et fade je l’avoue,
sorti en 1969 et aussitôt dépassé, alors que le line-up avait déjà explosé et que l’apogée de ces défricheurs était déjà loin derrière eux, avec Alabama Bound, une collection de démos de 1966
prévus pour un LP qui n’est jamais sorti.
L’album éponyme qu’il nous reste, ignoré commercialement, sort au moment où le psychédélisme façon cool Raoul commence à être passé de mode au profit de prestations
plus heavy, avec comme seuls membres survivants Mike Wilhem et Richard Olsen meneurs d’un groupe remanié (Terry Wilson et Darrell DeVore arrivent). Dans les faits, ça donne, au niveau du CD
modernisé (le son est meilleur), 11 premiers titres du disque initial (avec le line-up recomposé et chez Philips) et de 13 à 24, 12 titres (Alabama Bound) émanant de la formation d’origine
(Hunter, Wilhelm, Olsen, Ferguson et Hicks) et exhumés de bootlegs au début des années 80, un jingle commercial scindant les deux parties (12). L
’apport de ces derniers morceaux contribue à bonifier considérablement cette collection indispensable et à faire passer mon jugement de 3,5 (pour l’éponyme) à 4,5
pour l’ensemble du produit tel qu’il nous est proposé ici.
Groupe paradoxal d’une scène acid qu’il a initié et marqué de son empreinte avec un son très différent de ce que l’on entendra par la suite sur ce même circuit ,
les Charlatans n’ont pas eu la reconnaissance à laquelle ils pouvaient prétendre, se faisant voler la vedette sans le moindre ménagement par ceux qui allaient en tirer tous les bénéfices :
l’Airplane, le Dead, les Doors, Moby Grape…
Ce qu’il en reste aujourd’hui a une valeur inestimable pour toutes les raisons évoquées. Saisissez cette opportunité, mes p’tits loups (RAZOR).
1. High Coin.
2. Easy When I'm Dead.
3. Ain't Got The Time.
4. Folsom Prison Blues.
5. The Blues Ain't Nothin'.
6. Time To Get Straight.
7. When I Go Sailin' By.
8. Doubtful Waltz.
9. Wabash Cannonball.
10. Alabama Bound.
11. When The Movies Are Over.
12. Commercial Promo.
13. Alabama Bound.
14. Codine Blues.
15. I Saw Her.
16. Devil.
17. Long Come A Viper.
18. By Hook Or By Crook.
19. Baby Won't You Tell Me.
20. Sidetrack.
21. The Shadow Knows.
22. 32-20 Blues.
23. I Saw Her (Instrumental).
24. Codine Blues.
Mike Wilhem:guitare,percussion,chant (1à24).
Darryl DeVore:claviers,basse,percussions,chant (1à11).
Richard Olsen:basse,percussions,chant (1à24).
Terry Wilson:batterie,percussions (1à11).
George Hunter:autoharp,tambourin,chant (1à24).
Mike Ferguson:piano (12à24).
Dan Hicks:batterie (12à24).